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Palestiniens à Genève pour dialoguer avant qu’il ne soit trop tard

L'ONU dénonce à la fois la colonisation israélienne et les violences palestiniennes qui se poursuivent (archives). KEYSTONE/EPA/ABED AL HASHLAMOUN sda-ats

(Keystone-ATS) Les Palestiniens voient “le meilleur moment” depuis 1948 pour Israël pour oeuvrer pour deux Etats. En marge d’une conférence à Genève, ils ont demandé mercredi une action pour éviter “davantage de désastres” qu’en Syrie.

“Ce serait une énorme erreur de notre part et d’autres de ne pas exploiter ce moment historique”, a déclaré devant la presse l’ambassadeur palestinien à l’ONU à New York Riyad Mansour. Selon les Palestiniens, l’initiative française a changé la donne et rendu le soutien à un processus de paix plus international.

D’autant plus que les Etats arabes oeuvrent toujours et que le Quartet (Etats-Unis, Russie, UE, ONU) se réactive avec un nouveau rapport. “Nous voyons l’initiative française comme une coalition internationale contre l’occupation”, a renchéri le conseiller spécial du président Mahmoud Abbas pour les négociations, Mohammed Shtayyeh. Elle doit aussi permettre de garantir l’indépendance de la Palestine, selon lui.

Cette initiative brise le monopole d’un facilitateur américain “pas objectif”, dit-il aussi. Et de reprocher aux Américains de ne pas avoir réussi à faire pression sur Israël pour mettre un terme à la colonisation.

53% de Palestiniens prévus dans quelques années

Actuellement, autant de juifs israéliens que de Palestiniens vivent en Israël et dans les territoires. Mais d’ici 2020, “il sera trop tard”, affirme M. Shtayyeh. La population palestinienne atteindra 53% et Israël sera alors comparable à un Etat ségrégationniste.

Israël doit agir avant que les extrémistes ne perpètrent de “terribles” actes, ajoute M. Mansour. “Plus tard signifierait davantage de désastres au Proche-Orient qu’en Syrie” et dans d’autres pays.

Pour autant, les deux représentants palestiniens ne pensent pas que le gouvernement israélien actuel aille dans la direction d’une solution à deux Etats. Benjamin Netanyahu s’est dit favorable à un tel scénario “mais nous ne le croyons pas”, dit le conseiller de M. Abbas.

Il demande au Premier ministre israélien de faire voter à son cabinet une motion de soutien à deux Etats pour valider cette position. Sa politique actuelle a au contraire contribué à la nouvelle prise de conscience internationale, estime M. Mansour.

Milliards de dollars

A propos des reproches aux Palestiniens, M. Shtayyeh attribue les retards dans la reconstruction de Gaza au manque de financement. Seul un peu plus d’un quart des milliards promis a été versé. Il admet que la division entre l’Autorité palestinienne et le Hamas est une précondition pour une amélioration, tout comme pour le processus de paix.

Des élections palestiniennes ne pourront pas avoir lieu avant ce rapprochement, selon M. Shtayyeh. M. Abbas s’est dit favorable à un comité conjoint avec les Israéliens sur les allégations contre les Palestiniens d’incitation aux violences. M. Netanyahu a refusé, déplore son conseiller.

Les deux Palestiniens participaient notamment avec l’ancien négociateur palestinien Nabil Shaath à une conférence de l’ONU en soutien au processus de paix, mercredi et jeudi à Genève. Dans un message, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a répété le soutien à deux Etats et dénoncé les violences palestiniennes.

La réunion doit permettre au plus grand nombre d’Etats et d’ONG possible d’évaluer toutes les initiatives qui ont été lancées sur le Proche-Orient. Pour ne pas laisser décortiquer la situation “à un petit groupe de personnes”, selon M. Mansour. D’autres rencontres de ce type devraient suivre dans plusieurs autres pays.

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