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Paris perdu pour Hakan Yakin

Hakan Yakin (droite) va probablement retrouver les couleurs bleue et rouge du FC Bâle. Keystone

Parti en France pour succéder à la star brésilienne Ronaldinho à la place de meneur de jeu du PSG, l’aventure d’Hakan Yakin tourne court.

Trois semaines après la signature du contrat, le club parisien demande l’annulation du transfert de l’ancien bâlois. A qui la faute?

Ultime rebondissement dans le feuilleton footbalistique franco-suisse de l’été. L’histoire d’amour entre le meneur de jeu de l’équipe nationale et le club du Paris Saint-Germain prend fin. Avant même d’avoir véritablement commencé.

Alors qu’Hakan Yakin n’a pas disputé le moindre match sous ses nouvelles couleurs, le PSG a officiellement demandé, mardi, l’annulation du transfert de l’ex-star du FC Bâle.

Les dirigeants du club de la ville lumière n’ont pas digéré l’acte de désobéissance délibéré de leur nouveau poulain qui est retourné – contre leurs recommandations – se faire opérer en Suisse par son médecin.

Dans un communiqué paru sur le site Internet du PSG, ils l’accusent d’avoir fait «une fausse déclaration le jour de sa visite médicale à Paris». Pour eux, il «n’était pas apte à exercer une activité sportive de haut niveau au jour de la signature du contrat».

Une opération filmée en vidéo

Le 24 juillet, lors de la traditionnelle visite médicale que doit subir tout joueur avant de signer un contrat, Hakan Yakin aurait menti par omission en «oubliant» ses petits problèmes récurrents aux adducteurs.

Mais, dès les premières foulées de remise en forme sur les pelouses du centre d’entraînement du Camp-des-loges à Paris, le mal se serait apparemment fait plus insistant.

Supervisé par la prestigieuse équipe du professeur Saillant, le service médical du club parisien diagnostique alors une «tendinopathie d’insertion des adducteurs gauches». Et propose un programme de rééducation adapté d’un mois.

A Zurich, le médecin de confiance d’Hakan Yakin – Heinz Bühlmann – soutient la thèse d’une hernie inguinale nécessitant une opération chirurgicale et un arrêt de la compétition de trois mois.

Celle-ci est pratiquée le 15 août à la clinique du Hirslanden et filmée par vidéo.

«En fait, Hakan Yakin souffrait d’une pubalgie, explique le médecin du sport Daniel Blanc. Et tout le monde à Paris et à Zurich était d’accord sur cette analyse de fond. La différence essentielle concernait la façon de traiter Hakan Yakin. C’est pour cette raison que les explications des causes du mal divergeaient.»

Reste que cette bataille de spécialistes et la décision d’Hakan Yakin de se faire opérer en Suisse se soldent par l’exclusion de l’ex-Bâlois du contingent du Paris Saint-Germain.

Un formidable gâchis

«C’est un formidable gâchis et l’issue de cette aventure était prévisible dès le départ tant l’affaire était mal emmanchée. Hakan Yakin a été très mal conseillé par ses proches et trompé sur le PSG par des managers avides de toucher des commissions sur son transfert», analyse Jacques Ducret.

Et le journaliste suisse de presse écrite spécialiste de football d’ajouter: « Trop naïf, il ne s’est rendu réellement compte de la réalité qui l’attendait à Paris qu’à son arrivée dans la capitale française. Il a eu un choc.»

De là à penser qu’Hakan Yakin a délibérément choisi la voie d’une opération nécessaire depuis longtemps afin de se retirer in extremis de la mauvaise passe où il s’était mis … il n’y a qu’un pas pourtant impossible à franchir.

Un retour à Bâle?

Car au final, c’est bien lui qui risque de payer les pots cassés. D’une part à long terme au niveau de son image, mais aussi au niveau de la suite immédiate de sa carrière.

Car même si tout laisse supposer que le FC Bâle est prêt à accepter le retour du fils prodigue en son sein, le verdict final de la Fédération internationale de football (FIFA) n’interviendra que d’ici quelques semaines.

Selon les informations du Paris Saint-Germain, le contrat d’Hakan Yakin n’a pas été homologué par la Fédération française de football. Cette dernière n’ayant pas non plus demandé le certificat international de transfert, le contrat ne serait pas non plus enregistré à la FIFA.

Le hic, c’est que l’Association suisse de football a bien délivré les documents nécessaires à la sortie du joueur de sa juridiction. La FIFA pourrait dès lors considérer le transfert comme effectif et pourrait refuser au milieu de terrain le droit de changer une seconde fois de club dans l’année.

Hakan Yakin se retrouverait alors sans équipe jusqu’au mois de juin prochain. Pour son plus grand malheur et celui de l’équipe de Suisse toujours dans la course dans la phase qualificative de l’Euro 2004.

swissinfo, Mathias Froidevaux

Le 4 août 2003, l’international suisse du FC Bâle Hakan Yakin signe un contrat de quatre ans en faveur du club français du Paris Saint-Germain (PSG).
Aucun problème physique n’avait été relevé lors de la traditionnelle visite médicale passée le 24 juillet à Paris.
Sans l’aval du club parisien, Hakan Yakin se fait pourtant opérer pour des problèmes aux adducteurs le 15 août en Suisse par son médecin personnel. Il devra observer une pause de trois mois.
Le 19 août, le PSG demande officiellement l’annulation du transfert de l’international suisse.

– Dans un communiqué officiel paru le 19 août 2003, le Paris Saint-Germain explique avoir demandé l’annulation du contrat de transfert de l’international suisse Hakan Yakin qui n’a pas encore été homologué par la Fédération française de football et la Fédération internationale de football (FIFA).

– Le club parisien affirme que « le joueur n’était pas apte à exercer une activité sportive de haut niveau au jour de la signature de son contrat» et accuse même Hakan Yakin d’avoir fait une fausse déclaration le jour de sa visite médicale en ne signalant pas qu’il souffrait de douleurs récurrentes aux adducteurs depuis plusieurs mois.

– Deux scénarios sont désormais possibles en fonction de la décision de la FIFA: soit Hakan Yakin retourne au FC Bâle, soit il se retrouve sans club et privé de compétition jusqu’en juin 2004.

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