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Pascal Jaussi aurait mis en scène sa propre agression

Pascal Jaussi, fondateur et patron de Swiss Space Systems Holdings (S3), est soupçonné d'avoir orchestré sa propre agression (archives). Keystone/SANDRO CAMPARDO sda-ats

(Keystone-ATS) Le Ministère public fribourgeois a ouvert mardi une procédure pénale contre Pascal Jaussi. Le patron de l’entreprise vaudoise Swiss Space Systems Holdings (S3) est soupçonné d’avoir savamment orchestré sa propre agression en août à Aumont (FR).

M. Jaussi est poursuivi pour induction de la justice en erreur, incendie intentionnel et faux dans les titres, a communiqué le procureur général adjoint Raphaël Bourquin. Le prévenu n’a pas été placé en détention, a précisé à l’ats Raphaël Brenta, greffier-chef au Ministère public. “L’enquête va se poursuivre jusqu’à déterminer s’il faut la classer ou, au contraire, condamner M. Jaussi.”

Le patron de S3 avait été retrouvé blessé près de sa voiture le 26 août dernier, peu après 18h00. A l’arrivée de la police, le véhicule était carbonisé et la victime souffrait de brûlures au thorax et au visage, ainsi que de lésions au niveau du cou. M. Jaussi avait été héliporté au CHUV, à Lausanne.

Le Ministère public fribourgeois avait dans la foulée ouvert une procédure pénale contre inconnu pour lésions corporelles, incendie intentionnel et contrainte. Le patron de S3 assurait qu’il avait aperçu l’un de ses agresseurs le matin devant le siège de sa société, puis revu l’après-midi en compagnie d’un comparse. Il disait avoir tenté de les suivre avec sa voiture.

L’un des inconnus avait soi-disant réussi à pénétrer dans son véhicule et l’avait forcé à se diriger en forêt à Aumont. Selon M. Jaussi, il l’avait alors aspergé d’essence avant de mettre le feu à la voiture et son propriétaire.

“Une mise en scène”

Pascal Jaussi, qui a pu quitter l’hôpital le 6 septembre et a été entendu trois fois par la police, a toujours maintenu sa version des faits. Il a été confronté à “l’exploitation des traces relevées sur les lieux, l’examen de son téléphone portable, les conclusions de la médecine légale et la reconstitution de l’incendie”, selon le communiqué. Or ces éléments “parlent en faveur d’une mise en scène”.

M. Jaussi est également accusé de faux dans les titres au vu de certains documents présentés dans le cadre de la faillite de S3. La police continue ses investigations qui portent tant sur les faits du 26 août dernier que sur le volet financier de l’affaire.

Les forces de l’ordre ont entendu jusqu’ici une quarantaine de personnes, dont une quinzaine pour le volet financier. Ce dernier fera bientôt l’objet d’une demande de reprise de for auprès du Ministère public vaudois.

Les procédures pénale et civile sont indépendantes l’une de l’autre, rappelle l’instance fribourgeoise. Ni l’actuelle procédure pénale, ni les investigations des enquêteurs dans le volet financier de l’affaire n’ont donc provoqué la procédure de faillite de S3.

Une faillite définitive

La société aérospatiale S3, basée à Payerne (VD), a été déclarée en faillite par les autorités judiciaires civiles du canton de Vaud en décembre. Elle a recouru contre cette décision, avant de retirer son recours le 16 janvier, rendant la faillite définitive.

Dans la foulée du prétendu tabassage d’Aumont, qui a fait la Une des médias, les révélations se sont succédé sur les difficultés financières de S3. Des informations partielles de la part de Swiss Space System mentionnaient alors qu’il était possible de trouver un nouvel apport considérable d’argent pour sauver la société.

S3 faisait l’objet de nombreuses poursuites dépassant les sept millions de francs. L’entreprise voulait lancer des minisatellites à partir d’une navette emmenée sur le dos d’un avion. Elle comptait également organiser des vols en apesanteur.

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