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Des milices irakiennes accusent Washington d’un raid meurtier en Syrie

Déclenché en 2011 par la répression par le régime de manifestations pacifiques pro-démocratie, le conflit en Syrie a fait plus de 350'000 morts et jeté à la rue des millions de personnes (image d'illustration). KEYSTONE/EPA/MOHAMMED BADRA sda-ats

(Keystone-ATS) Un groupe de milices irakiennes chiites soutenues par l’Iran a accusé lundi l’armée américaine d’avoir mené une frappe aérienne sur la frontière entre la Syrie et l’Irak. L’opération aurait provoqué la mort de 22 de ses combattants. Washington soupçonne Israël.

De son côté, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a dit que ces frappes avaient entraîné la mort de 52 combattants pro-régime, dont trente Irakiens, dans la ville d’al-Hari, près de la frontière. Il s’agit du bilan le plus lourd pour le régime depuis des mois, selon cette ONG basée en Grande-Bretagne.

“Les avions américains ont tiré deux missiles téléguidés sur une position permanente des unités du Hachd al-Chaabi (les Forces de mobilisation populaire) le long de la frontière avec la Syrie, tuant 22 combattants et en blessant douze”, indique un communiqué du Hachd.

Explications exigées

L’organisation paramilitaire demande des explications à Washington. Le Hachd al-Chaabi rappelle dans son texte avoir été déployé par les autorités de Bagdad le long de la frontière poreuse avec la Syrie depuis l’annonce de la victoire sur l’EI proclamée en décembre par Bagdad.

La position visée lundi se trouve à “700 m à l’intérieur du territoire syrien”, “au nord de Boukamal”, précise le Hachd, qui explique s’être déployé en certains endroits du territoire syrien “en raison du caractère désertique de la zone et pour des impératifs militaires afin d’empêcher les infiltrations terroristes en Irak” et “au su du gouvernement syrien”.

Démenti de la coalition

De son côté, l’OSDH a affirmé que ces frappes avaient visé la ville d’al-Hari, dans l’est de la Syrie. Cette localité est située près de la frontière irakienne, où des milices étrangères se battent au côté du régime de Bachar al-Assad.

L’Observatoire, qui affirme disposer d’un vaste réseau de sources à travers le pays, n’était pas en mesure d’identifier l’origine de ces tirs. Les médias d’Etat syriens ont attribué ces frappes à la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, une affirmation qui a toutefois été démentie par une source au sein de ces forces antidjihadistes.

Washington soupçonne Israël

“Il n’y a pas eu de frappes de la part des forces américaines ou de la coalition dans cette zone”, a réagi cette source auprès de l’AFP. Elle a indiqué toutefois “être au courant de frappes (…) ayant tué et blessés plusieurs combattants de Kataëb Hezbollah”. Cette milice chiite irakienne patronnée par l’Iran a rejoint le Hachd al-Chaabi lors de sa création en 2014.

Les Etats-Unis “ont des raisons de croire” que c’est Israël qui a mené dimanche soir des frappes nocturnes contre une force paramilitaire irakienne près d’al-Hari, dans l’est de la Syrie, a-t-on appris lundi soir auprès d’un responsable américain ayant requis l’anonymat.

Offensives distinctes

Al-Hari est située dans la province de Deir Ezzor, riche en pétrole, où les forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par les Etats-Unis, et les forces gouvernementales syriennes, appuyées par la Russie, mènent des offensives distinctes contre le groupe Etat islamique (EI).

L’EI a perdu l’essentiel du territoire qu’il contrôlait en Syrie et en Irak. Mais le groupe ultra-radical reste présent dans des zones désertiques transfrontalières, notamment à Deir Ezzor.

Les frappes contre al-Hari interviennent au lendemain de la reprise par les FDS du village de Dachicha, situé dans le nord de la province de Hasakeh. Dachicha représentait un “fief important” de l’EI dans cette province et se trouvait sur un “couloir vital” reliant autrefois les territoires des djihadistes en Syrie et en Irak, selon le directeur de l’OSDH.

“Pour la première fois en quatre ans, Dachicha, une ville réputée pour le transit d’armes, de combattants (…) entre l’Irak et la Syrie, n’est plus contrôlée” par l’EI, a commenté lundi Brett McGurk, l’envoyé spécial du président américain auprès de la coalition anti-EI.

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