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Plusieurs grandes villes paralysées par la grève générale

Les grévistes entendent protester contre les projets de loi en cours de discussion devant le Congrès, qui visent à assouplir le droit du travail avec notamment un allongement de la durée des cotisations retraites. KEYSTONE/EPA EFE/MARCELO SAYAO sda-ats

(Keystone-ATS) Plusieurs milliers de manifestants ont répondu vendredi à l’appel à la grève générale au Brésil contre les mesures d’austérité du président conservateur Michel Temer. Les transports en commun ont été fortement perturbés pendant la matinée.

En plus des problèmes de transports, la plupart des écoles ont fermé leurs portes dans tout le pays, ainsi que les bureaux de poste et un grand nombre de banques. Dans la capitale financière Sao Paulo la situation était particulièrement chaotique.

Dès les premières heures de la journée, des manifestants bloquaient d’importantes artères de circulation en brûlant des pneus au milieu de la voie, provoquant de nombreux embouteillages. La police a utilisé du gaz lacrymogène pour les disperser et libérer les voies, alors que métros, bus et trains de banlieue étaient à l’arrêt.

À Rio, environ 2000 personnes manifestaient en centre-ville, selon les reporters de l’AFPTV sur place.

Projets de loi en discussion

D’autres manifestations avaient lieu dans la plupart des grandes villes du pays. À Sao Paulo, un cortège commençait à se former en début d’après-midi à l’Avenida Paulista, principale artère du centre-ville.

Un autre doit terminer son parcours devant la résidence du président Temer, qui passe souvent ses week-ends dans sa ville d’origine, loin de la capitale Brasilia.

Les grévistes entendent protester contre les projets de loi en cours de discussion devant le Congrès, le parlement brésilien, qui visent à assouplir le droit du travail avec notamment un allongement de la durée des cotisations retraites.

“Cela va être la plus grande grève de l’histoire du Brésil”, a déclaré Paulo Pereira da Silva, le président du syndicat Forca Sindical.

Images diffusées en boucle

Les derniers chiffres du chômage, publiés vendredi, font état d’un taux record de 13,7% entre janvier et mars, avec plus de 14,2 millions personnes à la recherche d’un emploi.

Autre indice que la situation n’est pas prête de s’améliorer: le déficit budgétaire du Brésil a atteint 11 milliards de réais (près de 3,5 milliards de francs) pour le mois de mars, le pire résultat pour cette époque de l’année depuis la début de la série statistique, en 2001.

Alors que les mauvaises nouvelles s’enchaînent pour le gouvernement, des images de routes bloquées par les manifestants passaient en boucle sur les télévisions brésiliennes.

À Rio de Janeiro, un pont qui relie la ville à de nombreuses communes situées de l’autre côté de la baie a été bloqué pendant plusieurs heures, mais la circulation a été rétablie. Les transports en commun n’ont été que faiblement perturbés. L’accès à la gare routière de Rio a été bloqué et la police a lancé des grenades de gaz lacrymogène pour le libérer.

Cote de Temer en chute libre

Près d’un tiers du gouvernement de Michel Temer et plusieurs de ses alliés au Congrès sont sous le coup d’enquêtes judiciaires déclenchées dans le sillage de la retentissante affaire de corruption “Lava Jato” (“Lavage express”) autour de la compagnie pétrolière Petrobras.

La cote de Michel Temer lui-même est en chute libre. Il a succédé à Dilma Rousseff, du Parti des travailleurs (PT, gauche), destituée en août dernier pour maquillage des comptes publics.

“Démanteler la sécurité sociale”

“Temer ne veut même pas négocier”, déclare Vagner Freitas, président de la Centrale unique des travailleurs (CUT), principale confédération syndicale du pays, dans un communiqué.

“Il ne veut que répondre aux exigences des chefs d’entreprises (…) pour démanteler la sécurité sociale et légaliser l’exploitation des travailleurs.”

Marcio de Freitas, porte-parole du président Temer, balaie ces critiques. Le gouvernement, dit-il, travaille à réparer les dégâts économiques causés par le gouvernement du Parti des travailleurs, qui était soutenu par le CUT.

Qu’une “grève apparente”

Le gouvernement tentait vendredi de désamorcer la crise en affirmant que la grève générale n’avait rencontré qu’un succès partiel.

“Ils empêchent les gens de se rendre au travail. Cela montre que la grève n’existe pas vraiment, c’est plutôt une grève apparente de syndicats perturbés par les décisions du Parlement”, a affirmé le ministre de la Justice Osmar Serraglio à la radio CBN.

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