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La situation en Syrie inquiète la Suisse

Eveline Widmer-Schlumpf a été le 17e chef d'Etat ou de gouvernement à s'exprimer devant l'assemblée générale de l'ONU. Reuters

Devant l’assemblée générale des Nations Unies, Eveline Widmer-Schlumpf a exprimé l’inquiétude de la Suisse face à la guerre civile en Syrie. La présidente de la Confédération a exhorté l’institution onusienne à prendre ses responsabilités.

En ouverture de l’assemblée générale, Ban Ki-moon a dénoncé en termes fermes la situation en Syrie. Ce conflit qui dure depuis désormais 18 mois se transforme en «un désastre régional avec des implications mondiales». Pour le secrétaire général des Nations Unies, «la communauté internationale ne doit pas l’ignorer tandis que la violence échappe à tout contrôle».

Il a appelé les membres des Nations Unies, principalement les membres de Conseil de sécurité et les pays arabes, à soutenir les efforts du médiateur international Lakhdar Brahimi. «Nous devons mettre fin à la violence et à l’afflux d’armes aux deux camps, et mettre en œuvre le plus vite possible une transition menée par les Syriens eux-mêmes», a encore dit le secrétaire général.

Pour mémoire, deux des membres du Conseil de sécurité, la Chine et la Russie, ont déjà bloqué à trois reprises des projets de résolutions présentés par les Etats occidentaux pour faire pression sur Damas. Et pendant ce temps, le nombre de victimes ne cesse d’augmenter. Plus de 29’000 personnes auraient été tuées, dont de nombreux civils, selon les estimations de l’opposition syrienne.

Justice internationale

De son côté, Eveline Widmer-Schlumpf a expliqué que la Suisse suivait avec inquiétude la détérioration dramatique de la situation. Les droits de l’homme et le droit humanitaire sont violés en Syrie, a rappelé la présidente de la Confédération. «Des personnes innocentes meurent, prises sous le feux croisé de l’armée syrienne et de l’opposition armée», a-t-elle dit.

Plus d’un million de personnes ont dû abandonner leur maison et plus de 250’000 ont cherché refuge dans les pays voisins. L’accès aux blessés et aux victimes du conflit est pratiquement impossible.

La présidente de la Confédération a mentionné que la Suisse a jusqu’à présent mis à disposition 13 millions de francs pour l’aide humanitaire en Syrie et dans les pays limitrophes. Mais tant que les droits humains seront violés et que les coupables resteront impunis, il ne pourra y avoir aucune sécurité en Syrie, a-t-elle estimé.

La Suisse demande donc que les responsables soient traduits en justice. «L’impunité est non seulement immorale, mais elle compromet également le processus de réconciliation qui se met en marche dans une société après une guerre», a déclaré Eveline Widmer-Schlumpf.

Dans son discours, la présidente de la Confédération a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle soutienne une initiative de la Suisse demandant au Conseil de sécurité de porter le cas syrien devant la Cour pénale internationale. Jusqu’à présent, 30 Etats ont soutenu cette demande.

La Suisse avait lancé une pétition en ce sens au mois de juin. Mais elle attend d’avoir reçu le soutien d’au moins 50 Etats avant de la remettre au Conseil de sécurité, a précisé lundi le ministre suisse des Affaires étrangères Didier Burkhalter.

Eveline Widmer-Schlumpf a aussi salué le travail de la commission d’enquête sur la Syrie, constituée par le Conseil des droits de l’homme, et a demandé que celle-ci soit renforcée. Dans cette optique, la Suisse a proposé la candidature de l’ancien procureur du Tribunal pénal international Carla del Ponte pour faire partie de la commission. La décision, qui échoit au Conseil des droits de l’homme, devrait tomber prochainement.

Réforme de l’ONU

La présidente de la Confédération a par ailleurs une nouvelle fois mis l’accent sur la nécessité de réformer les Nations Unies, en particulier le Conseil de sécurité.

«L’ONU ne pourra plus se contenter du plus petit dénominateur commun que lui offre trop souvent le consensus de ses membres. Si elle veut être à la hauteur des défis qui lui sont lancés, elle doit se montrer efficiente, innovante et active», a-t-elle déclaré.

«Sur des sujets conflictuels, l’ONU doit parvenir à surmonter les blocages pour proposer des solutions. Le recours au droit de veto au sein du Conseil de sécurité est difficilement justifiable en cas de génocides, de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité. C’est pourquoi la Suisse, conjointement avec d’autres pays, continue de revendiquer une réforme des méthodes de travail du Conseil de sécurité», a-t-elle encore affirmé.

Liberté d’expression

Comme Barack Obama avant elle, Eveline Widmer-Schlumpf a également abordé le thème de la liberté d’expression dans son discours devant l’assemblée. Un thème que la présidente de la Confédération estime très important.

«La liberté de conscience et de religion tout comme la liberté d’opinion et d’expression sont des valeurs centrales garanties universellement qui doivent être protégées et respectées. D’autre part, une opinion qui déplait ne justifie en aucun cas une réponse par la violence. Elle doit être contrée sur le terrain des idées et des arguments, au besoin au plan du droit, notamment si elle incite à la haine nationale, raciale ou religieuse. Les attaques des dernières semaines contre des représentations diplomatiques sont donc inacceptables quel qu’en soit le motif», a-t-elle déclaré.

En marge de l’Assemblée générale de l’ONU, la présidente de la Confédération Eveline Widmer-Schlumpf a rencontré mardi son homologue égyptien Mohamed Morsi. Elle lui a assuré le soutien de la Suisse dans le processus de transition démocratique en Egypte.

La présidente de la Confédération s’est informée auprès de son interlocuteur sur les progrès réalisés dans les domaines de la démocratie et de l’Etat de droit.

Durant leur entretien, les deux chefs d’Etats ont également parlé des avoirs bloqués en Suisse appartenant à l’ancien président Hosni Moubarak et à ses proches.

La Suisse entend restituer le plus rapidement possible à l’Egypte les avoirs dont l’origine illégale a été démontrée, a relevé Eveline Widmer-Schlumpf. Une étroite collaboration entre les autorités suisses et égyptiennes est donc nécessaires, a-t-elle ajouté.

(Traduction de l’allemand: Olivier Pauchard)

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