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Un politicien turc en Suisse pour miner la norme antiraciste

Dogu Perinçek à Zurich. Keystone

Absous par la Cour européenne des droits de l'homme, le négateur turc du génocide arménien Doğu Perinçek est revenu en Suisse pour soutenir une proposition UDC visant à affaiblir la législation suisse contre le négationnisme.

En 2005, Doğu Perinçek, président du Vatan Partisi (ancien parti socialiste des travailleurs de Turquie), avait fait la une en déclarant publiquement en Suisse à trois reprises que le génocide arménien de 1915-1917 était un «mensonge international».

Les tribunaux suisses l’avaient condamné en 2007 pour avoir violé la législationLien externe suisse contre le racisme (l’article 261 bis du Code pénal suisse) qui interdit de nier, minimiser ou justifier un génocide ou d’autres crimes contre l’humanité. Doğu Perinçek avait saisi la Cour européenne des Droits de l’Homme qui avait jugéLien externe que sa condamnation par des tribunaux suisses constituait une violation de la liberté d’expression, tout en se déclarant incompétente à qualifier les massacres des Arméniens perpétrés par les forces de l’empire ottoman.

Ce mardi lors d’une conférence de presse au consulat turc de Zurich, Dogu Perinçek a remué le couteau dans la plaie. Et ce en apportant son soutien au dépôt par le conseiller national Yves Nidegger (UDC, droite conservatrice) d’une initiative parlementaire demandant une modification de l’article 261bis. L’objectif de l’avocat genevois est de supprimer la mention de génocide ou de préciser qu’il doit être «constaté par un tribunal compétent».

Dogu Perinçek a également profité de cette tribune pour affirmer que les Etats-Unis «sont derrière» les récentes attaques terroristes à Paris, Bruxelles, Berlin et Istanbul parce qu’ils cherchent à diviser la Turquie et affaiblir l’Europe, a rapporté le quotidien suisse Neue Zürcher Zeitung.

Un génocide largement reconnu

Le code pénal suisse prévoit une peine d’emprisonnement ou une amende si quelqu’un est reconnu coupable d’avoir tenté de nier, de minimiser ou de justifier grossièrement le génocide ou d’autres crimes contre l’humanité. La définition juridique du génocide découle, elle, d’une convention internationale de 1948, suite à la destruction des Juifs d’Europe par les nazis.

Si les juristes débattent de la pertinence de qualifier de génocide des grands massacres perpétrés avant la Shoah, un nombre croissant de pays, de parlements et un très grand nombre d’historiens considèrent que les massacres des arméniens en Turquie constituent bien un génocide, si l’on s’en tient à la définition du terme. Une qualification toujours rejetée par le pouvoir turc.

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