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Libéré, Max Göldi est toujours en Libye

Max Göldi lors de son arrestation en février. Keystone

Max Göldi a été libéré après près de quatre mois de prison à Tripoli, a annoncé jeudi son avocat Salah Zahaf. A Berne, on se dit «très heureux». Reste la question du visa pour sa sortie de Libye.

«Il a été libéré aujourd’hui et se trouve actuellement dans un hôtel à Tripoli. Il est en bonne condition physiquement et moralement. Samedi nous allons entamer des démarches pour obtenir un visa de sortie afin qu’il puisse rentrer chez lui», a déclaré Me Zahaf aux agences AFP et Reuters.

L’avocat français de Max Göldi, Emmanuel Altit, a également confirmé à l’ATS que son client était sorti de prison.

Micheline Calmy-Rey, ministre des affaires étrangères s’est dit «très heureuse de cette libération», tout en affichant une certaine prudence quant au retour en Suisse de M. Göldi. La conseillère fédérale remercie néanmoins les «partenaires européens de leur soutien, et en premier lieu l’Espagne et l’Allemagne».

«C’est une étape. Il s’agit maintenant qu’il puisse rentrer à la maison le plus rapidement possible et retrouver sa famille», a ajouté Mme Calmy-Rey, qui se trouve à New York pour l’assemblée générale des Nations Unies.

Visa

Reste effectivement la question de la sortie de Max Göldi de Libye. Me Zahaf prévoit que son client pourra rentrer en Suisse «samedi ou au plus tard dimanche».

Même avis du côté d’Amnesty International. «Plus rien ne peut être retenu contre lui. Plus rien ne permet de le garder en Libye», a déclaré la porte-parole de l’organisation de défense des droits humains Manon Schick jeudi.

«Apparemment, il n’a pas encore les papiers nécessaires pour quitter la Libye. Il ne pourra pas les obtenir demain car le vendredi est un jour férié, mais il devrait pouvoir recevoir un visa dès samedi», a-t-elle indiqué, interrogée par l’ATS.

Signes positifs

La libération de Max Göldi intervient alors que plusieurs signes positifs avaient été observés récemment. Ainsi, le gouvernement libyen a autorisé la semaine dernière la reprise des importations de produits pharmaceutiques en provenance de la Suisse.

Autre signal: l’engagement des Européens – en particulier l’Allemagne et l’Espagne – pour résoudre le conflit entre Berne et Tripoli. Selon le directeur du Centre d’étude et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen (CERMAM), Hasni Abidi, ces derniers ont engagé une « course contre la montre» pour arriver à une solution avant la fin de la présidence espagnole de l’UE le 30 juin.

Une trop longue affaire

Max Göldi, employé d’ABB, avait été arrêté en juillet 2008, apparemment en représailles à l’arrestation à Genève d’Hannibal Kadhafi sur une plainte de deux domestiques l’accusant de mauvais traitements. Mais la Libye a toujours contesté tout lien entre les deux affaires.

Après 53 jours en prison, Max Göldi et son compagnon d’infortune Rachid Hamdani avaient été libérés mais interdits de quitter le territoire libyen.

Ils s’étaient alors réfugiés à l’ambassade helvétique à Tripoli. M. Hamdani avait pu quitter la Libye le 23 février, tandis que M. Göldi avait quitté la veille l’ambassade pour se rendre aux autorités libyennes et purger une peine de quatre mois de prison pour «séjour illégal» en Libye.

Crise diplomatique

L’«affaire Hannibal» a envenimé les relations entre Tripoli et Berne. En réaction à la détention de ses deux ressortissants, la Confédération helvétique, membre associé de l’espace Schengen, avait décidé en 2009 de restreindre, pour l’élite libyenne, l’attribution de visas permettant d’accéder aux pays de l’espace Schengen, impliquant ainsi l’Union européenne dans ce contentieux.

Tripoli avait répliqué en février en annonçant des restrictions de visas à l’encontre des ressortissants des pays de l’espace Schengen. Ces mesures avaient provoqué la colère de plusieurs capitales européennes et finalement une médiation de Bruxelles.

L’UE et Tripoli avaient fini par annoncer la levée réciproque des restrictions à l’octroi de visas.

swissinfo.ch et les agences

Rachid Hamdani s’est dit «très heureux» de la libération de son ancien compagnon d’infortune. Il espère le revoir «bientôt» en Suisse. «C’est un grand sentiment de soulagement», a-t-il déclaré à la Télévision suisse romande (TSR).

15 juillet 2008: Soupçonnés d’avoir maltraité leurs deux domestiques, Hannibal Kadhafi et sa femme Aline sont arrêtés à Genève. Ils sont inculpés le 17, après deux nuits en détention préventive. Le couple est remis en liberté contre une caution de 500’000 francs.

19 juillet 2008: Deux ressortissants suisses, Max Göldi et Rachid Hamdani, sont arrêtés en Libye. Tripoli leur reproche notamment des infractions aux lois sur l’immigration et le séjour.

26 juillet 2008: La Libye exige des excuses de la Suisse. Berne rejette ces exigences.

20 août 2009: En visite à Tripoli, le président de la Confédération Hans-Rudolf Merz présente ses excuses au premier ministre libyen Al Baghdadi A. El-Mahmudi pour l’arrestation d’Hannibal Kadhafi et conclut un accord.

4 novembre 2009: Le Conseil fédéral suspend l’accord passé avec la Libye. Il entend également poursuivre jusqu’à nouvel ordre sa politique de visa restrictive vis-à-vis des ressortissants libyens.

9 novembre 2009: Berne estime que les deux Suisses ont été «kidnappés».

Décembre 2009-début février 2010: Plusieurs procès contre les deux Suisses.

15 février: Tripoli, mettant ses menaces à exécution, affirme que la Libye ne délivre plus de visas d’entrée aux Européens, à l’exception des Britanniques. L’Italie accuse la Suisse d’avoir pris les autres membres de l’espace Schengen en otages.

22 février: Max Göldi se rend aux autorités libyennes pour être incarcéré. Rachid Hamdani quitte le pays. Il arrive en Suisse le 23.

25 mars: la Suisse supprime (ou réduit drastiquement) sa «liste noire» de ressortissants libyens.

28 mars: La Libye et l’Union européenne annoncent la levée des restrictions à l’octroi de visas des deux parties.

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