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Puni en appel pour gestion déloyale, un ex-municipal zougois écope d’une peine de prison

L'ancien municipal zougois (à droite) et son avocat (à gauche) ont tenté en vain de faire valoir que le prévenu avait uniquement agi à la demande de la cliente nonagénaire. KEYSTONE/PATRICK HUERLIMANN sda-ats

(Keystone-ATS) L’ancien municipal zougois Ivo Romer écope de quatre ans et sept mois de prison pour gestion déloyale et abus de confiance, notamment. Il avait détourné la fortune d’une nonagénaire à son profit. La justice zougoise alourdit la peine infligée en première instance.

Dans son jugement rendu mercredi, la Cour suprême du canton de Zoug a reconnu Ivo Romer coupable d’abus de confiance, gestion déloyale, blanchiment d’argent et faux dans les titres. Elle confirme ainsi le jugement rendu en première instance en février 2017, tout en y ajoutant un mois de prison supplémentaire. La sentence est en outre assortie d’une peine pécuniaire de 30 jours-amende à 30 francs.

Au moins 2 millions de francs

Les juges cantonaux en sont convaincus: le responsable de fiduciaire et ancien membre libéral-radical de l’exécutif de la ville de Zoug a détourné, entre 2006 et 2012, au moins 2 millions de francs du compte d’une riche nonagénaire dont il gérait la fortune. Les avoirs de la veuve décédée en 2011 ont fondu jusqu’à 16’000 francs.

Les recherches minutieuses des enquêteurs ont révélé le stratagème du notable indélicat, âgé aujourd’hui de 56 ans. Pour justifier les flux d’argent qui ont alimenté les comptes d’Ivo Romer et de son entreprise, ce dernier les a comptabilisés en tant qu’honoraires perçus de la part de faux clients étrangers.

L’ensemble de la comptabilité de la fiduciaire a été falsifiée, a déploré le président du tribunal lors de l’énoncé du jugement. Il n’existe pas le moindre indice que les honoraires ainsi comptabilisés correspondent à des prestations réellement fournies. Il est en outre absurde d’imaginer que les montants versés en liquide et en francs suisses proviennent de mandataires établis dans des pays étrangers lointains, comme le prétend la comptabilité.

Version du prévenu pas crédible

Durant le procès en appel qui s’est tenu en décembre dernier, l’avocat d’Ivo Romer a tenté en vain de faire valoir que son client a agi uniquement sur mandat de la nonagénaire. Chaque transaction a été autorisée par la cliente du prévenu qui entendait ainsi soutenir des causes et des projets, selon la défense.

Si tel avait réellement été le cas, il n’y aurait pas eu besoin de falsifier des factures, a répliqué la Cour. La nonagénaire effectuait en outre ses donations habituelles à travers des transactions bancaires, pas en liquide.

Train de vie et mécénat

En réalité, le prévenu a empoché l’argent détourné sans aucun scrupule, pour garantir un train de vie élevé à sa famille et jouer un rôle de mécène, ont conclu les juges. Il doit désormais le rembourser à la famille de sa victime.

Le jugement n’est pas encore entré en force. Il peut faire l’objet d’un recours au Tribunal fédéral.

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