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La prospérité suisse pour préserver le climat

La Suisse compte pour 0,1% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Pour avoir un impact réel dans la lutte contre le réchauffement climatique, elle peut aider les autres pays grâce à sa richesse et ses technologies.


Selon les ONG, la Suisse peut aider plus les pays pauvres à faire face au réchauffement climatique. Keystone

À eux seuls, les plans de la Suisse pour réduire ses émissions de carbone ne représentent qu’une infime partie de l’effort mondial pour limiter les dégâts en matière de réchauffement climatique.

En revanche, elle peut jouer un rôle plus large en en faisant plus pour aider à montrer la voie à suivre, selon le physicien Fortunat Joos, président du Centre Oeschger de recherche sur le changement climatique à l’Université de Berne.

«Je pense que c’est une opportunité économique pour la Suisse elle-même, estime Fortunat Joos. Si la Suisse va de l’avant et commence à décarboniser sa propre économie en développant une technologie idoine, elle pourra partager ce savoir-faire avec d’autres pays. Si en même temps, elle interdit le financement de l’extraction de combustibles fossiles, elle démontrera son engagement dans l’accord de Paris.»

En décembre dernier lors de la COP21 à Paris, près de 200 pays dont la Suisse ont convenu de limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C. Limiter les émissions est une urgence puisque le CO2 reste dans l’air pendant de nombreux millénaires.

Sans aucune intervention, le monde se réchaufferait de 3,5°C à partir de maintenant, selon les projections scientifiques. Mais la seule Chine pourrait réduire ce réchauffement projeté de 1,3°C. Le programme américain pourrait permettre une diminution d’un peu plus d’un demi-degré.

Le parlement suisse discute d’un programme visant une réduction de 30% des émissions nationales et de 20% des émissions importées d’ici 2030. L’objectif est de répartir les réductions de dioxyde de carbone (CO2) et de six autres gaz à effet de serre dans l’immobilier, le transport et l’industrie – des secteurs responsables de la plus grande part des émissions.

Une croissance “climatiquement neutre”

Bien que le montant global des émissions de carbone suisse reste faible, les chiffres prennent une ampleur différente lorsqu’ils sont rapportés à chaque habitant.

Les statistiques de la Banque mondiale montrent que les Suisses sont responsables de 4,6 tonnes métriques de carbone par habitant. C’est le même chiffre que l’Argentine et le Chili, et moins du tiers des 17 tonnes par habitant des États-Unis. La Chine, les États-Unis, l’Union européenne, l’Inde et la Russie sont les plus grands émetteurs de carbone du monde. La Chine produit 6,7 tonnes métriques par habitant, l’Inde 1,7 tonne.

En vertu de l’accord de Paris, les pays en développement, qui sont responsables de moins d’émissions de carbone par habitant, devront faire face à des défis supplémentaires pour développer leur économie d’une manière «climatiquement neutre». Voilà pourquoi d’aucuns estiment que les Suisses devraient payer au moins 1% des 100 milliards de dollars annuels dans le financement des mesures pour le climat dans le monde.

Plus d’argent

De 2000 à 2012, la Suisse a investi 880 millions de francs pour des projets de réduction des émissions dans les pays en développement. Mais une étude financée par le gouvernement est arrivée à la conclusion que 500 millions à 2.7 milliards de francs par an provenant de sources privées pourraient être réunies par les agences gouvernementales.

Le Parlement helvétique a décidé en 2011 d’accroître l’aide publique au développement à 0,51% du PIB de la Suisse jusqu’en 2015, ce qui a sensiblement stimulé le financement annuel des mesures en faveur du climat.

Réuni au sein d’une Alliance pour le climat, les ONG estiment cependant que la Suisse peut se permettre d’être beaucoup plus généreuse.

Cette année, le parlement a réduit l’aide globale au développement à 0,48% du PIB. Il prévoit également d’utiliser 300 millions de cette aide pour les populations appauvries par le changement climatique.

Les ONG recommandent une augmentation de l’aide à plus de 0,70% du PIB, comme le recommande l’ONU. Elles suggèrent aussi que la Suisse mette 1 milliard de francs supplémentaire dans la lutte contre le réchauffement climatique.

«Chaque pays doit faire de son mieux en fonction de sa responsabilité et aussi de sa capacité, estime Jürg Staudenmann, d’Alliance Sud. Paris a montré clairement qu’il est urgent d’agir.»

Le programme national

Le gouvernement suisse a approuvé l’accord sur le climat de Paris en mars, en établissant formellement les grandes lignes de la politique climatique nationale et internationale jusqu’en 2030.

Dès que le parlement aura ratifié l’accord, la Suisse pourra s’engager à réduire de moitié ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Mais pour ce faire, la loi sur le CO2 devra être révisée.

Le gouvernement a décidé que les trois cinquièmes des diminutions doivent être des mesures internes, et les autres deux cinquièmes peuvent être des compensations prises à l’étranger. Mais c’est le parlement qui aura le dernier mot.

Traduit de l’anglais par Frédéric Burnand

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