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Les Turcs de Suisse ont voté en masse

Le week-end dernier déjà, les Turcs de Suisse ont longuement fait la queue pour voter devant leurs consulats. Ici, à Zurich. Reuters

Plus de 54'000 Turcs ont voté en Suisse sur le référendum constitutionnel dont le sort sera fixé le 16 avril et qui vise à étendre les pouvoirs de président Erdogan. Cela représente plus de la moitié des inscrits. Mais à la sortie des urnes, rares sont ceux qui osent dire clairement dans quel camp ils sont, à part les Kurdes, très nombreux en Suisse.

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Le vote anticipé des Turcs dans les ambassades et missions à l’étranger s’est terminé dimanche soir. En Suisse, la participation a dépassé 57%, soit nettement plus que lors des élections législatives de 2015.

Un peu plus de 54’000 des quelque 95’000 électeurs inscrits en Suisse se sont déplacés à l’ambassade à Berne et aux consulats généraux de Genève et Zurich pour déposer leur enveloppe dans les urnes. En Allemagne, où la diaspora turque est très importante, ils étaient presque 700’000 sur un peu moins d’un million et demi, soit près de 49%. En Autriche, la participation était de près de 51% des 108’000 électeurs.

Au niveau mondial, plus de 1,3 million de représentants de la diaspora turque, forte de près de 3 millions de personnes, ont voté. Cet électorat est très important pour le pouvoir d’Ankara, car il pourrait faire la différence au final. D’où les attentions dont il a fait preuve, avec le récent voyage en Europe du ministre des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu, interdit de meeting dans plusieurs pays, voire carrément d’atterrissage aux Pays-Bas. Une décision qui a fortement fâché M. Erdogan, au point de déclencher une crise diplomatique.

Le score devrait être serré

En Turquie même, il apparaît clairement en déambulant dans les rues d’Istanbul que la campagne est inégale: au sol, des autocollants pour le «oui», dans les airs, des bannières frappées du visage du président Erdogan et sur les murs, des affiches annonçant une réunion électorale géante du chef de l’Etat.

Moins visible, la campagne pour le «non» est toutefois bien là. Une stratégie, la simplicité, avec une fillette et un soleil dessiné au crayon de couleur pour logo. Et un slogan: «Pour notre avenir».

Selon le journal satirique «Penguen», le temps d’antenne en direct consacré au oui est dix fois supérieur à celui accordé au non. Malgré ce déséquilibre, la campagne est féroce. Les experts prédisent un score serré au cours de ce scrutin déterminant pour l’avenir de la Turquie.

Attaques personnelles

L’enjeu a poussé les deux camps à s’affranchir de la courtoisie politique. Ils ont multiplié les attaques ad hominem et les coups sous la ceinture. Emmenés par M. Erdogan, les dirigeants turcs s’efforcent de stigmatiser les partisans du non, accusés de faire obstacle au développement de la Turquie. Le chef de l’Etat turc affirme en outre régulièrement qu’ils font le jeu des «terroristes» et des «putschistes», qui redouteraient une victoire du oui.

Le bouquet de télévision par satellite Digitürk a retiré sans explication de son offre le film «No» du réalisateur chilien Pablo Larrain, nominé aux Oscars en 2012. Ce film raconte la défaite du dictateur Pinochet lors d’un référendum sur l’extension de son mandat en 1988, malgré une campagne pour le non faite de bouts de ficelle.

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