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Ramuz en vedette de la rentrée littéraire

Une rentrée 2005 marquée par Ramuz. Bibliothèque publique et universitaire Neuchâtel

Le célèbre écrivain vaudois entre cet automne dans la prestigieuse collection française «La Pléiade», chez Gallimard.

Evénement fort au sein d’une rentrée où se côtoient nouveautés littéraires et soucis des éditeurs.

Les 22 romans de Charles Ferdinand Ramuz, réunis en deux volumes de la Bibliothèque de la Pléiade (Gallimard), paraîtront le 10 octobre.

A Genève, les Editions Slatkine vont aussi valoriser son oeuvre avec l’intégrale de son journal en trois volumes, qui sortiront également en octobre. La maison genevoise entame ainsi son «chantier Ramuz». D’ici 2013, elle publiera l’oeuvre complète du Vaudois en 32 volumes.

A noter qu’en guise de mise en bouche, les Editions de l’Aire, viennent de sortir «Ecrits sur Ramuz» de Jacques Chessex, lequel livre six points de vue sur l’oeuvre de son aîné. Il y évoque son style, sa poésie et ses principaux romans.

Cunéo, Chatelain, Haldas, Cherpillod

D’autres noms importants de la littérature romande sont à l’affiche cet automne.

Les Editions Campiche couvent six nouveautés, dont «Les corbeaux sur nos plaines» d’Anne Cunéo, un inédit datant des années 60 que la romancière a remis en forme. «A sa modeste façon», écrit-elle, «il rappelle que, de Verdun à Berlin, de l’Algérie au Viêtnam, de l’ex-Yougoslavie à l’Irak, ceux qui vivent les guerres n’en sortent jamais indemnes.»

Autre parution prévue chez Campiche, «Enjeux 1» témoigne du renouveau du théâtre romand et réunit quatre textes créés dans quelques mois. Cet éditeur proposera aussi «Une main sur votre épaule» de Sylviane Chatelain qui donne à lire des variations sur l’art, la solitude ou la mort.

Pas moins d’une trentaine de nouveautés composent la rentrée des Editions L’Age d’Homme. Parmi ces livres, «O ma soeur» de Georges Haldas qui évoque sa soeur cadette. Autre grande plume romande, Gaston Cherpillod livre «Main tendue poing fermé», dont les textes courts et incisifs portent un regard ironique sur la société d’aujourd’hui.

Premiers romans

Comme de coutume, la rentrée littéraire romande offre peu de premiers romans. Parmi ceux-ci figure celui de la Valaisanne Catherine Lovey. Cette journaliste signe «L’Homme interdit» (Ed. Zoé), dont le personnage principal est un homme d’affaires persécuté par des policiers peu après la disparition de sa femme.

Autre première oeuvre aux Editions de l’Aire avec «L’oeil de Lucie». Son auteur, Marielle Stamm, raconte la vision du monde, mais aussi de l’art, d’une jeune femme borgne.

Des pintes vaudoises à Farinet le Valaisan

Cinq titres vont sortir aux Editions d’en bas. Ainsi «Pintes vaudoises» de Gilbert Salem et Dominique Gillard, qui présente 55 «pintes», comprenez «bistrots», tant du point de vue historique, socio-culturel qu’architectural.

Et puis l’Aire publiera seize nouveautés, dont «Saint Farinet» du Valaisan – Genevois d’adoption – Alain Bagnoud. Cet essai sur le fameux faussaire cherche à savoir pourquoi un canton attaché aux valeurs catholiques s’est entiché d’un malfaiteur!

Difficultés éditoriales

Bien des éditeurs romands peinent. La disparition de 40 librairies en quatre ans pénalise leurs ventes, littéraires surtout. «Il est indéniable que la profession a de plus en plus de difficultés», constate Jean-Bernard Mottet, conseiller culturel à la Ville de Genève. «En cause, la fermeture de toutes ces librairies qui étaient autant de fenêtres sur la production des éditeurs romands», ajoute-t-il.

Il en résulte une érosion des ventes, surtout sensible pour la littérature romande. Cela peut représenter quelques centaines de livres sur un tirage de 2000. Selon le directeur des Editions d’en bas, Jean Richard, «en trois ans les ventes ont baissé de 25 % en moyenne dans l’édition romande.»

Le secteur souffre aussi d’une diminution des subventions des pouvoirs publics. «Le livre n’obtient de loin pas les sommes allouées à la musique ou au théâtre», rappelle Jean-Bernard Mottet. «Nous recevions jusqu’à 4000 francs pour un premier roman, maintenant c’est 2000 en moyenne», constate de son côté Jean-Philippe Ayer, patron des Editions de l’Hèbe.

En outre, depuis quelques années, La Poste a supprimé les tarifs préférentiels pour les livres et augmenté ses frais de port. «Pour éviter le tarif supérieur, nous calibrons le format de nos livres en fonction du coût de transport», déplore Jean Richard.

Grosse production

La plupart des éditeurs romands conservent néanmoins le rythme de leurs parutions, et parfois en élargissent même l’éventail. L’un ou l’autre pratiquent le marketing direct, adressant mails ou catalogues à une clientèle ciblée.

Une créativité que salue François Perret, secrétaire de l’Association suisse des diffuseurs, éditeurs et libraires. «Malgré les problèmes et la peur du lendemain, les éditeurs publient beaucoup.»

Il mentionne qu’entre 2003 et 2004, le nombre de livres en français publiés en Suisse a augmenté, grimpant de 2142 à 2428, et le nombre de publications littéraires a passé de 419 à 544. Il rappelle qu’environ 11’000 titres sont parus en Suisse en 2004. «Ce qui est énorme, comparé aux 52’000 édités en France.»

swissinfo et les agences

Quelques chiffres:

– Entre 2003 et 2004, le nombre de livres en français publiés en Suisse a augmenté, grimpant de 2142 à 2428.

– Le nombre de publications littéraires a passé de 419 à 544.

– Environ 11’000 titres sont parus en Suisse en 2004.

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