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Rassemblement en mémoire d’un jeune Erythréen désespéré

Environ 120 personnes ont rendu hommage jeudi, à Genève, à un jeune Erythréen retrouvé mort sur un banc le 4 juillet. Elles ont dénoncé l'insuffisance d'encadrement pour des jeunes qui voient leurs chances d'obtenir un titre de séjour se restreindre. KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) A Genève, 120 personnes se sont rassemblées jeudi en mémoire d’un Erythréen de 20 ans en procédure d’asile, décédé récemment. Elles ont aussi dénoncé l’encadrement insuffisant de jeunes dans un état de détresse alarmant.

Le défunt est arrivé en Suisse en 2015 pour y déposer une demande d’asile en tant que mineur non accompagné. En 2017, il a appris que le statut de réfugié ne lui avait pas été reconnu et qu’il devrait se contenter d’une admission provisoire, a indiqué au micro Aldo Brina, de la Coordination asile.ge. Il a alors fait une dépression, a expliqué un ami qui l’a accompagné plusieurs fois à l’hôpital de psychiatrie.

D’après ses proches, le jeune homme souffrait de sa situation d’exil et de la non-reconnaissance de son vécu traumatique. Bon élève, il a décroché de l’école. Il a été retrouvé mort sur un banc, dans un parc, le 4 juillet. La police réserve les conclusions de son enquête pour sa famille.

Anxiété et découragement

“Ta mort est inacceptable”, a déclaré une femme, au nom de Solidarités Tattes, faisant part d’une tristesse “imprégnée de colère” quant à l’accueil “déficient” de la Suisse. Selon elle, cette mort “met du sable dans les rouages de la machine à renvois.”

“Ces jeunes ont besoin d’être entourés et accompagnés pour trouver la force de composer avec leur parcours de vie difficile”, a relevé Aldo Brina, réclamant un accompagnement éducatif, social et de formation adapté. Il a aussi dénoncé les remises en question constantes du besoin de protection des Erythréens par la Suisse, ce qui accentue leur anxiété et leur découragement.

“Une honte pour la Suisse”

Hasard du calendrier, le Tribunal administratif fédéral a publié jeudi un arrêt qui restreint davantage les chances des requérants d’asile érythréens d’obtenir un titre de séjour. Il a confirmé la pratique du Secrétariat d’Etat aux migrations qui affirme étudier attentivement si le requérant encourt un risque de maltraitance, assimilable à du travail forcé, en cas de convocation pour le service militaire obligatoire.

“Cet arrêt est une honte pour la Suisse. Il est dramatique”, a commenté la conseillère nationale Lisa Mazzone (Verts/GE), présente au rassemblement. A ses yeux, la situation du jeune Erythréen décédé doit pousser à améliorer les conditions d’accueil, d’encadrement et de suivi des jeunes, angoissés pour leur avenir après un parcours migratoire traumatique.

En février, la Cour des comptes de Genève publiait un rapport critique sur les conditions d’hébergement des requérants d’asile mineurs non accompagnés dans le canton. Elle pointait du doigt les conséquences négatives sur leur scolarité et leur santé.

Une minute de silence

Quelques membres de partis de gauche et de nombreuses personnes d’origine érythréenne ont participé au rassemblement qui a eu lieu dans une zone piétonne proche de la gare Cornavin. “Repose en paix. On ne t’oubliera pas” ou encore “Pour le droit à un accueil digne” pouvait-on lire sur des pancartes.

Les interventions ont été ponctuées par une minute de silence en hommage au défunt. Une cagnotte est organisée pour couvrir les frais de rapatriement du corps en Erythrée, où vit sa famille.

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