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Restitution d’une oeuvre de Matisse volée par les nazis

(Keystone-ATS) L’avocat de la famille du collectionneur d’art Paul Rosenberg, propriétaire d’une oeuvre de Matisse volée par les nazis sous le IIIe Reich, a annoncé vendredi la restitution du tableau. Deux autres toiles de la collection Gurlitt doivent retrouver leurs propriétaires.

“Nous sommes ravis que le tableau ‘Femme Assise’ ait maintenant été restitué, ce qui représente un nouveau pas en avant vers la récupération des oeuvres volées à Paul Rosenberg”, a indiqué dans un communiqué Me Christopher Marinello, basé à Londres.

Cette restitution, qui avait fait l’objet d’un accord fin mars avec les autorités allemandes, est la première issue de la collection retrouvée chez l’octogénaire allemand Cornelius Gurlitt. Mort l’an dernier, il était le fils d’un marchand d’art controversé sous le IIIe Reich.

La restitution “n’aurait pas été possible sans la diligence de nos enquêteurs en France et aux Etats-Unis et la rapidité avec laquelle ils ont permis de fonder la revendication de la famille”, a poursuivi Me Marinello.

L’avocat a dit espérer que le ministère allemand de la Culture “va agir avec rapidité et transparence dans l’examen et la résolution d’autres revendications des peintures Gurlitt”. Il a souhaité une résolution “rapide et professionnelle” des contentieux sur les oeuvres spoliées.

Deux accords trouvés

“Femme assise” avait été découvert dans une vaste collection d’art retrouvée en 2012 chez Cornelius Gurlitt, et dont le Musée des Beaux-Arts de Berne a accepté en novembre l’héritage.

Un groupe d’experts internationaux avait confirmé en juin dernier que le tableau de Matisse appartenait bien au marchand d’art Paul Rosenberg. L’oeuvre est estimée à quelque 20 millions de dollars.

Parmi les 1406 oeuvres d’art retrouvées dans l’appartement munichois de M. Gurlitt, c’est la première à être restituée aux héritiers d’un propriétaire juif spolié. Des accords ont également été trouvés pour deux autres tableaux, “Deux cavaliers sur la plage” de Max Liebermann et “La Seine vue du Pont-Neuf, au fond le Louvre”, de Camille Pissarro, mais leur restitution n’est pas encore effective.

Questions d’héritage

En novembre, le Musée des Beaux-Arts de Berne, désigné comme héritier de la collection dans un testament de M. Gurlitt, avait accepté cette donation. Un tribunal de Munich a reconnu fin mars comme valable ce testament, contesté par une cousine de Cornelius Gurlitt qui tentait de faire valoir des droits sur l’héritage.

La ministre allemande de la Culture, Monika Grütters, avait alors dit espérer que cette décision confirmant le musée comme héritier va mettre un terme aux contestations sur l’héritage. Les restitutions pourront ainsi “être menées à bien, à l’abri de toute bataille juridique”, avait-elle souligné.

Le Musée des beaux-arts de Berne a signé en novembre une convention avec les autorités allemandes. Si le groupe d’experts nommé pour déterminer l’origine des tableaux de la collection Gurlitt conclut qu’une oeuvre a bien été volée ou vendue sous la contrainte durant la période nazie, elle reste dans un premier temps en Allemagne. Les autorités allemandes se chargent ensuite, à leurs frais, de restituer les oeuvres en question à d’éventuels ayants-droit.

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