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Retrouver sa dignité en Thaïlande

Kurt Häusermann sait qu'il peut faire confiance à son infirmier swissinfo.ch

Le Suisse Martin Woodtli a fondé dans le nord de la Thaïlande un centre pour malades d'Alzheimer.

Ici, au nord du pays, les patients suisses se sentent comme à la maison.

Elle ne tient plus très bien sur ses jambes, Margrit Woodtli, 77 ans. C’est pourquoi Som, son aide-soignante, conduit précautionneusement la vieille dame atteinte de la maladie d’Alzheimer jusqu’au canapé.

Là, elle «attaque» un puzzle prévu pour les enfants de 3 ans, manifestement très fière de placer les piécettes en bois au bon endroit. Som se réjouit avec elle et entoure Margrit de ses bras.

Martin Woodtli, directeur et fondateur de l’institution pour personnes atteintes de démence sénile Baan Kamlangchay (en français: «accompagnement du cœur»), à Chiang Mai au nord de la Thaïlande, se réjouit aussi de la performance de la vieille dame et le lui dit.

Elle hoche la tête poliment et remercie ce gentil monsieur. Depuis quelque temps déjà Margrit Woodtli a oublié que ce monsieur était son fils.

Un besoin impératif de bouger

Madame Woodtli souhaite entreprendre quelque chose d’autre. Comme souvent chez les malades d’Alzheimer, elle ressent un besoin impératif de bouger. C’est ainsi qu’elle se met à plier des linges avec zèle.

Mais la vieille dame aime aussi se prélasser dans le jardin, aller manger au restaurant avec son aide-soignante ou faire une promenade au zoo. Avec elle, il faut toujours qu’«il se passe quelque chose».

«On ne peut pas forcer les êtres humains à rester tranquilles»: Martin Woodtli a de la compréhension pour le comportement de sa maman. Grâce à une prise en charge continue, 24 heures sur 24, de trois personnes pour elle seule, l’expatrié a pu renoncer à donner des calmants à sa maman. «Tout cela ne serait pas possible dans un home suisse», explique-t-il à swissinfo.

Plus grande liberté

Kurt Häusermann, un ancien employé de Swissair, apprécie lui aussi la qualité des soins personnalisés de l’institution. Après une attaque, il avait passé trois semaines dans un home médicalisé en Suisse.

Mais pour cet homme ayant beaucoup voyagé et beaucoup vécu, la rigueur des horaires quotidiens était insupportable.

Ici, à Chiang Mai, il jouit d’une liberté presque totale, avec son aide-soignant. De temps en temps, il s’offre une soirée en ville avec lui et revient en taxi (pour 6 francs). Il fréquente en outre une salle de sports et de spectacles, où il aime assister à des matches de kickbox thaïe. Avec cela, une bière et une cigarette, et Kurt Häusermann est plus que content.

Respect du grand âge

Bien que les soignants ne maîtrisent que quelques rudiments d’allemand, la communication ne pose aucun problème. Le personnel sait se faire comprendre de façon non-verbale. Il n’y a rien de plus émouvant que de les voir s’occuper de leurs protégés, avec une tendresse et une attention infinie.

«Pour les Thaïs, s’occuper de personnes âgées est une grande motivation, car ils respectent énormément le grand âge», explique Martin Woodtli.

En Thaïlande, en l’absence quasi totale de homes pour personnes âgées, les grands-parents sont soignés à la maison dans le cadre familial.

Proches des patients

«Les Thaïs apprennent les gestes de soin dès leur plus jeune âge, dit Martin Woodtli. C’est pourquoi ils sont plus proches des patients.»

Quant aux malades, ils ont non seulement besoin de soins personnalisés, mais aussi de vie collective, de repas communs et d’excursions.

La localisation de l’institution Baan Kamlangchay dans un quartier de village, à la périphérie de Chiang Mai, deuxième ville du pays, s’est aussi révélée positive: les patients font partie intégrante du quartier, les enfants les côtoient. Les expatriés se sentent intégrés.

Proches des patients

«Les Thaïs apprennent les gestes de soin dès leur plus jeune âge, dit Martin Woodtli. C’est pourquoi ils sont plus proches des patients.»

Quant aux malades, ils ont non seulement besoin de soins personnalisés, mais aussi de vie collective, de repas communs et d’excursions.

La localisation de l’institution Baan Kamlangchay dans un quartier de village, à la périphérie de Chiang Mai, deuxième ville du pays, s’est aussi révélée positive: les patients font partie intégrante du quartier, les enfants les côtoient. Les expatriés se sentent intégrés.

Proches des patients

«Les Thaïs apprennent les gestes de soin dès leur plus jeune âge, dit Martin Woodtli. C’est pourquoi ils sont plus proches des patients.»

Quant aux malades, ils ont non seulement besoin de soins personnalisés, mais aussi de vie collective, de repas communs et d’excursions.

La localisation de l’institution Baan Kamlangchay dans un quartier de village, à la périphérie de Chiang Mai, deuxième ville du pays, s’est aussi révélée positive: les patients font partie intégrante du quartier, les enfants les côtoient. Les expatriés se sentent intégrés.

Grosses différences de coûts

Une place dans un home médicalisé en Suisse coûte entre 8000 et 10’000 francs par mois. Beaucoup ne peuvent pas se le permettre et l’Etat doit intervenir.

En Thaïlande, une place dans ce home revient à 3000 francs. C’est ainsi que des personnes de fortune modeste peuvent aussi se payer une prise en charge de qualité.

Mais la question financière ne doit pas être la seule décisive, selon Martin Woodtli. Il tient beaucoup à ce que les candidats sollicitent les conseils de personnes spécialisées avant de se décider.

Connaître leurs motivations

Lui-même soumet les candidats à un questionnaire pour connaître leurs motivations. En fin de compte, seules 20% des demandes sont acceptées. Le directeur veille à ne pas céder à un développement incontrôlé.

Outre quatre places de soin permanentes, le centre propose aussi des chambres de vacances pour les personnes atteintes de démence et leurs proches. Un projet de nouvelle maison adaptée aux chaises roulantes est aussi en préparation.

swissinfo: Etienne Strebel, Chiang Mai, Thaïlande
(Traduction de l’allemand: Ariane Gigon Bormann)

La démence sénile est la disparition des facultés mentales.
La maladie d’Alzheimer est la forme la plus courante de démence.
Les symptômes les plus courants sont les troubles de la mémoire, la folie de la persécution, l’insomnie et des états d’agitation.
La maladie d’Alzheimer n’est pas encore guérissable. De nouvelles possibilités de traitement permettent en revanche de ralentir le processus de la maladie.

– Martin Woodtli, 44 ans, s’occupe de sa mère malade d’Alzheimer depuis 2002.

– Suite à des vacances communes en Thaïlande du nord, il a fondé l’institution Baan Kamlangchai.

– L’institution propose des places de vacances pour les malades et leurs proches, mais aussi des places stationnaires.

– Martin Woodtli connaît les us et coutumes locales et parle couramment le thaï.

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