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Scandale Petrobras: Lula au centre du réseau de corruption

La descente en enfer de l'ancien président brésilien Lula (archives) KEYSTONE/EPA EFE/SEBASTIAO MOREIRA sda-ats

(Keystone-ATS) Le parquet brésilien a demandé mercredi la mise en examen du parrain politique de Dilma Rousseff, l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010). Il l’accuse d’avoir été le “chef suprême” du réseau de corruption dans le scandale Petrobras

“Lula se trouvait en haut de la pyramide et, sans son pouvoir de décision, ce réseau de corruption aurait été impossible”, au sein du géant public pétrolier, a déclaré le procureur Deltan Dallagnol au cours d’une conférence de presse à Curitiba (Parana, sud). Des accusations que l’avocat de l’ancien chef de l’Etat a aussitôt qualifiées de “farce”.

Le procureur a transmis au juge Sergio Moro, de cette même ville de Curitiba, le dossier d’inculpation de Lula pour corruption et blanchiment d’argent. C’est à ce juge, chargé du dossier sur les enquêtes de “l’Opération Lavage rapide” (portant sur le scandale Petrobras), qu’il revient de décider s’il accepte ou non la mise en examen de Lula, 70 ans, icône de la gauche brésilienne.

Pas seulement Petrobras

Le procureur a souligné que le réseau de corruption ne se limitait pas à Petrobras. Il touchait aussi sa filiale Eletrobras, les ministères de la Planification et de la Santé, la banque d’Etat Caixa Econômica et probablement d’autres organismes publics.

M. Dallagnol a affirmé que dans le cadre de cette affaire qui constitue “le plus grand scandale de corruption de l’histoire du Brésil”, Lula avait reçu quelque 3,7 millions de réais (près de 1,1 million de francs au taux change actuel) sous forme de “pots-de-vin” versés par l’entreprise de BTP OAS.

OAS est l’une des principales entreprises impliquées dans le réseau de corruption. Elle aurait octroyé des avantages en nature à l’ancien chef de l’Etat par le biais, entre autres, de travaux en vue de refaire un triplex.

“Déplorable spectacle”

Lula a toujours rejeté les accusations à son encontre, affirmant notamment ne jamais avoir été propriétaire de cet appartement. Mercredi, il a précisé sur sa page Facebook qu’il s’était rendu “une fois” dans ce triplex de Guaruja (littoral de Sao Paulo, sud) quand il avait envisagé de l’acheter.

S’exprimant à Sao Paulo (sud), l’avocat de Lula, Cristiano Zanin Marins, a déclaré que l’accusation du procureur Dallagnol qui manque de preuves, s’était “perdue dans un déplorable spectacle”. “C’est une accusation de nature politique dont la finalité est d’imposer une condamnation indue et injuste contre Lula”, a déclaré son avocat.

Trois enquêtes

La femme de l’ex-président, Maria Leticia, et six autres personnes dont Leo Pinheiro, ex-patron d’OAS, et le président de l’Institut Lula, Paulo Okamoto, font également l’objet d’une inculpation.

Lula est visé par trois enquêtes dans le cadre du scandale Petrobras. L’affaire a coûté plus de deux milliards de dollars à la compagnie-phare du Brésil et a bénéficié à des dizaines d’hommes politiques de divers partis, à des entrepreneurs du BTP et à des directeurs de Petrobras.

Il avait déjà été inculpé le 29 juillet de tentative d’entrave à la justice. C’était la première fois que l’emblématique ancien chef de l’Etat était appelé à rendre des comptes devant un tribunal en liaison avec cette affaire.

“Abus de pouvoir”

Le 26 août, la police brésilienne avait formulé à son encontre, toujours dans ce dossier, des accusations de corruption passive et de blanchiment d’argent, en plein procès en destitution au Sénat de sa dauphine politique Dilma Rousseff. Ses avocats avaient alors dénoncé une inculpation “politique”, ne croyant pas à une “coïncidence”.

Si Lula était condamné, il ne pourrait plus aspirer à se présenter à un troisième mandat en 2018. Fin juillet, il avait déposé une requête auprès du Comité des droits de l’homme de l’ONU à Genève contre les “abus de pouvoir” dont il se disait victime.

Ses ennuis judiciaires représentent un nouveau coup dur pour la gauche brésilienne, après la destitution par les sénateurs, pour maquillage des comptes publics, de Dilma Rousseff, remplacée par son ancien vice-président Michel Temer, l’homme fort du PMDB (centre droit).

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