Des perspectives suisses en 10 langues

Le groupe Swatch se lance dans l’énergie du futur

A presque 80 ans, Nicolas Hayek se lance un nouveau défi technologique. Keystone

Développer des systèmes d'énergie basés sur l'hydrogène et la pile à combustible: c'est le défi d'une nouvelle entreprise suisse fondée, entre autres, par le président de Swatch Nicolas Hayek.

La technologie existe déjà. Tout le défi consiste maintenant à la rendre plus fiable et moins onéreuse.

Nicolas Hayek se lance un nouveau défi industriel. A bientôt 80 ans, le président de Swatch Group va créer avec Groupe E (issu de la fusion des Entreprises électriques fribourgeoises et de l’ENSA neuchâteloise) une coentreprise dans les systèmes d’énergies propres et renouvelables.

La nouvelle était dans l’air depuis quelques jours. Elle prend désormais forme avec l’annonce mercredi de la création, d’ici à deux mois, d’une société holding destinée à exploiter le «grand» potentiel industriel de l’électrolyse, selon les deux partenaires. Son nom n’est pas encore dévoilé, ni son lieu d’implantation.

Pile à combustible

Outre l’électricité, métier de Groupe E, le projet devrait trouver des applications dans le secteur automobile, cher à Nicolas Hayek, initiateur à l’époque de la Smart. Swatch Group et Groupe E travailleront avec le soutien d’une grande banque internationale, des deux écoles polytechniques fédérales et de Hayek Engineering.

L’idée consiste à développer des systèmes d’énergies propres et renouvelables, précisent le groupe horloger et de microtechnique et le groupe électrique fribourgeois. La coentreprise s’intéressera à la technique de l’hydrogène et de la pile à combustible, qui n’est pas une source d’énergie mais un vecteur d’énergie.

Réduire les coûts

Une pile à combustible est une pile où la fabrication de l’électricité se fait grâce à l’oxydation sur une électrode d’un combustible réducteur (par exemple l’hydrogène) couplée à la réduction sur l’autre électrode d’un oxydant, tel que l’oxygène de l’air.

Plusieurs obstacles techniques demeurent toutefois pour rendre le prix des piles à combustible plus abordable. Il s’agit notamment de trouver les moyens de réduire la quantité de métaux chers à employer pour les batteries, à fabriquer de l’hydrogène à moindre coût et à améliorer les techniques de stockage de ce gaz.

D’autres acteurs

Swatch Group et Groupe E ne sont évidemment pas les premiers à se pencher sur une technologie dont les balbutiements remontent à plus de 150 ans. L’industrie automobile s’y intéresse de très près, du moins certaines marques, en tant que solution alternative au pétrole.

L’animation du comité de direction sera assurée par Nicolas Hayek et Philippe Virdis, patron de Groupe E. L’équipe de développement est composée d’une quinzaine de collaborateurs des deux sociétés. L’effectif pourrait ultérieurement atteindre plusieurs dizaines de personnes, a précisé Philippe Virdis.

Le précédent Smart

A terme, Swatch Group et Groupe E envisagent même une cotation boursière et la création de filiales spécialisées, par exemple dans l’automobile. Un aspect qui rappelle le grand engagement de Nicolas Hayek dans les années 1990 en faveur du développement d’une petite voiture hybride qu’il voulait révolutionnaire.

Swatch Group était finalement sorti de la Smart. En raison de divergence de vues, le groupe biennois avait laissé à son partenaire allemand DaimlerChrysler le soin de concrétiser seul le projet dans sa phase industrielle.

Horizon 2010-2012

Le projet pourrait porter ses premiers fruits à l’horizon de 2010-2012, selon Philippe Virdis. Selon “L’Hebdo”, qui avait révélé l’information la semaine passée, les partenaires devraient investir de 20 à 30 millions de francs au départ, la majorité du capital (51%) revenant à Swatch Group et Hayek Engineering.

Pour mémoire, Groupe E est issu de la fusion en 2005 des Entreprises électriques fribourgeoises (EEF) et d’Electricité neuchâteloise SA (ENSA).

swissinfo avec les agences

La technologie de la pile à combustible existe déjà depuis plusieurs décennies.

A la fin des années 50, on a construit un tracteur fonctionnant avec cette source d’énergie.

Cette technologie permet de produire de l’énergie électrique en mélangeant de l’hydrogène et de l’oxygène. Un moteur muni d’une pile à combustible est propre, puisqu’il ne produit que de la vapeur d’eau.

Le problème est surtout de produire et de stocker de l’hydrogène. Celui-ci est présent en grande quantité, mais surtout lorsqu’il est combiné avec de l’oxygène (eau H2O). Il faut de grandes quantités d’énergie pour séparer les deux éléments. Actuellement, la quasi-totalité de l’hydrogène est produite en brûlant du pétrole, du charbon ou du gaz.

Les recherches se sont multipliées depuis une vingtaine d’années. Plusieurs constructeurs d’automobiles ont développé des prototypes fonctionnant avec cette technologie.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision