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Sion, capitale du violon

Shlomo Mintz (à droite, ici avec Xavier Philipps) en personne figure au programme. sion-festival

Jusqu'à mi-septembre, la 44ème édition du Festival international de musique de Sion permet de découvrir des virtuoses confirmés comme des jeunes talents. Ceci dans un canton, le Valais, qui affûte son profil classique.

Verbier, Sion, Crans-Montana, mais aussi Champéry ou Zermatt. Les Alpes valaisannes se mettent volontiers au diapason de la musique classique, accueillant de nombreux festivals consacrés à de grandes œuvres du répertoire.

Celui de Sion, dont la 44ème édition a commencé début août, est le plus ancien. Et pas des moindres, puisqu’il a été placé sous le patronage de Tibor Varga jusqu’en 2001. Le célèbre violoniste d’origine hongroise, qui résidait à Grimisuat jusqu’à sa mort en 2003, lui a ensuite retiré son soutien – et son nom – en raison de divergences à propos de la ligne de programmation.

Depuis, l’ancien festival Tibor Varga est devenu le Festival international de musique de Sion. Sa direction artistique a été confiée à une autre personnalité du monde du violon, Shlomo Mintz.

Chef d’orchestre, concertiste international, l’Israélien n’a toutefois pas rompu avec la volonté de son prédécesseur d’offrir un espace d’expression aux jeunes musiciens. Dans son pays, il a d’ailleurs fondé une Académie internationale de violon, à l’image de celle que Tibor Varga a créée à Sion.

La carte «jeunes»

«Parmi ses points forts, le festival de Sion peut citer son état d’esprit, tourné vers la jeunesse. De nombreux concerts au programme sont en effet donnés par des jeunes», souligne son administratrice Françoise Gypse. Le 8 août, le concert d’ouverture a par exemple été assuré par Esther Hoppe, une jeune Zougoise de 30 ans, et l’Orchestre symphonique suisse des jeunes.

Ses 110 instrumentistes, âgés de 15 à 25 ans et provenant de tout le pays, ont interprété notamment le «Sacre du printemps» de Stravinski. Conformément au vœu de Tibor Varga, qui souhaitait offrir une plate-forme aux jeunes musiciens valaisans, le festival accorde en outre une attention toute particulière aux talents du cru.

«On dit que nul n’est prophète en son pays. Or pour nous, c’est très important de démontrer le contraire. Grâce au festival, les jeunes du Valais peuvent aussi jouer sur leurs propres scènes, devant leur public, leurs amis, leur famille et tous les gens qui les ont soutenus durant leurs études», indique Françoise Gypse.

Parmi la dizaine de concerts à venir avant la clôture du festival, le 19 septembre, figure ainsi celui du jeune pianiste américain d’origine helvétique Gilles von Sattel, né en 1981 (21 août). La violoniste mexico-américaine Elena Urioste, 21 ans, et le pianiste valaisan Lionel Monnet, 30 ans, qui donneront diverses pièces de musique de chambre, conféreront eux aussi une note jeune au festival (4 septembre).

Les King’s Singers à Sion

Côté têtes d’affiche, le festival de Sion compte également quelques noms susceptibles de pousser les jeunes virtuoses à se surpasser. A commencer par Shlomo Mintz lui-même. Outre un concert donné avec les Cameristi de la Scala de Milan, le maestro se produira avec le pianiste norvégien Torleif Torgersen (23 août), ainsi qu’avec les Solistes de chambre de Saint-Pétersbourg (30 août) et le Musikkollegium de Winterthour (11 septembre).

«Le festival bénéficie de la renommée de Shlomo Mintz mais aussi de ses contacts dans le milieu. Il a joué ou dirigé de nombreuses stars de la musique classique. C’est un entourage très prestigieux dont le festival est fier», confie Françoise Gypse.

Au nombre des points forts du programme, elle cite également la diva de la clarinette Sabine Meyer (27 août), qui interprétera un programme à la fois classique et populaire. Lauréate du Prix Clara Haskil en 2001, la soliste allemande s’est également produite cette année au festival de Lucerne.

Autre prestation à ne pas manquer, selon Françoise Gypse, celle des King’s Singers (7 septembre). «Il s’agit d’un très grand événement. Leur agenda est rempli pour ces trois ou quatre prochaines années. Nous sommes vraiment heureux de pouvoir les présenter à Sion», précise-t-elle à propos de l’ensemble britannique au répertoire éclectique.

Concours en concurrence

Eclectique, la 44ème édition du festival de Sion l’est aussi puisque la musique symphonique y alterne avec la musique de chambre et les récitals plus intimistes. Seul manque le traditionnel Concours international de violon, reporté à l’an prochain pour ne pas entrer en concurrence avec celui du même type organisé à Martigny.

Suite au retrait de Tibor Varga, le concours avait en effet été délocalisé. «Avoir deux grands concours internationaux à 30 km de distance chaque été est ridicule. Cela les discrédite les deux et n’est pas financièrement raisonnable. En provoquant l’alternance, on a espéré que le concours Tibor Varga suivrait la même démarche, ce qui n’est pas le cas pour le moment», déplore Françoise Gypse.

Elle regrette aussi le fait qu’il n’existe actuellement pas de salle de concert digne de ce nom à Sion. En attendant, le festival essaime dans d’autres localités valaisannes comme Fully, Crans-Montana, Verbier et Sierre. Il envisage aussi d’agender certains concerts à l’extérieur l’an prochain pour toucher davantage de monde.

swissinfo, Carole Wälti

Le Festival international de Musique de Sion-Valais s’est longtemps appelé Festival Tibor Varga.

Le célèbre violoniste hongrois, qui a résidé en Valais jusqu’à sa mort en 2003, avait donné son nom à cette manifestation quelques années après sa 1re édition, à la fin des années 1960.

Tibor Varga voulait ainsi créer une artère musicale européenne en Valais et inciter les artistes invités à demeurer quelques semaines sur place pour enseigner.

Il voulait aussi permettre aux jeunes Valaisans de prendre part à la vie musicale internationale.

En 1997, Tibor Varga avait cédé la direction artistique du festival à son fils.

En 2001, suite à des dissensions avec le nouveau comité, il s’était retiré du festival et l’avait privé de son nom.

Parallèlement, il organisait son propre concours de violon, lequel a aujourd’hui encore lieu chaque année à Martigny.

En 2002, c’est le violoniste et chef d’orchestre israélien Shlomo Mintz qui a été nommé directeur artistique du Festival international de Musique de Sion.

Festival international de Musique de Sion-Valais: jusqu’au 19 septembre.

Au programme de cette 44ème édition: 14 concerts.

Ces concerts se dérouleront essentiellement à l’église des Jésuites de Sion.

Quelques-uns sont décentralisés dans d’autres localités (Verbier, Fully, Crans-Montana, Sierre).

Fréquentation moyenne en 2007: 200 à 300 personnes par concert.

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