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La lettre n’est pas morte

Malgré Internet, le Père Noël devrait continuer de recevoir du courrier chaque année. RDB

Envoyer des lettres n'est peut-être plus à la page, mais la Journée internationale de la poste est l'occasion pour l'Union postale universelle (UPU) de souligner que le courrier a encore de l'avenir.

Basée à Berne, cette agence spéciale de l’ONU estime que les services postaux devront s’adapter et innover face à la communication électronique.

Depuis 2000, le volume du courrier domestique et international n’a cessé de baisser, et cela va continuer jusqu’en 2008, selon les experts.

Entre 2000 et 2004, le courrier domestique a diminué en moyenne de 0,3% par an dans le monde. Dans le même temps, le courrier international a reculé, lui, 5,8% par an, selon l’UPU.

Ken McKeown, directeur des marchés à l’UPU, a expliqué à swissinfo que la tendance à la baisse est très nette. «Les gens changent leurs habitudes et optent pour les nouvelles formes de communication électronique pour envoyer des lettres ou des imprimés. Les personnes privées envoient plutôt leurs lettres par courriel», déclare-t-il.

Et pourtant, tout n’est pas perdu pour les services postaux. «En réalité, les nouvelles formes de communication et l’Internet constituent un boom pour la poste. Internet génère d’importants revenus par les ventes de produits en ligne, car elles se traduisent par des envois de colis», relève Ken McKeown.

E-business

D’un côté, l’UPU aide les organisations postales du monde entier à préparer l’avenir en contribuant au développement de leurs services en ligne.

Paul Donohoe, responsable du programme e-business de l’UPU, a indiqué à swissinfo que quelque 70% des postes mondiales offrent déjà leurs services sur Internet, dont la Poste suisse.

«La Poste suisse est très en avance dans son offre, explique-t-il. Elle a un service de signature électronique qui vous permet d’envoyer des courriers recommandés en ligne et les faire parvenir en toute sécurité de votre ordinateur dans n’importe quelle boîte aux lettres en Suisse.»

Et d’ajouter que son programme utilise des modèles fournis par les pays développés pour aider les autres à se mettre à jour. «Nous essayons d’aider les 30% restants à élaborer des stratégies pour l’avenir.»

Les pays en voie de développement se heurtent à un certain nombre d’obstacles pour mettre sur pied une plate-forme Internet.

«Ces pays n’ont pas beaucoup de connaissances en matière de systèmes informatiques. L’UPU cherche des moyens pour former les services postaux et leurs collaborateurs et leur montrer comment lancer ces services sur leur propre marché», explique encore Paul Donohoe à swissinfo.

Veillée funèbre?

Quant à savoir si la lettre est condamnée, Ken McKeon reste prudent. «Je ne vais pas me risquer à prédire sa mort pour l’instant car, dans des pays émergents comme l’Inde, la Chine et le Brésil, entre autres, la lettre garde un énorme potentiel.»

Un potentiel proportionnel à la croissance économique. «Nos recherches ont montré que c’est excellent pour le volume du courrier car la croissance implique une augmentation du volume d’affaires et donc une demande accrue en matière de courrier.»

Quant à Paul Donohoe, il est convaincu que l’industrie postale a de beaux jours devant elle. «Quand la télévision est apparue, tout le monde pensait que la radio allait disparaître. Beaucoup ont aussi prédit qu’Internet marquerait la fin de la poste. En fait ces nouveaux services et instruments s’ajoutent simplement à l’éventail des possibilités qui vous sont offertes mais ne remplacent pas ce qui existait auparavant.»

swissinfo, Faryal Mirza
(Traduction de l’anglais: Isabelle Eichenberger)

L’Union postale universelle (UPU) a été créée en 1874 pour mettre un terme au chaos de la distribution postale, entravée par une quantité d’accords bilatéraux.

«Le monde était alors très différent: ces accords entre différents pays étaient fragiles car chacun veillait d’abord à ses intérêts», explique Edouard Dayan, directeur général de l’UPU.

Il a fallu plusieurs tentatives pour conclure des accords multilatéraux. Impliquée, la Suisse a organisé une conférence internationale en septembre 1874 afin d’établir les bases d’une union postale universelle.

Le 9 octobre était signé le Traité de Berne, qui prévoyait la mise en place de l’Union postale générale, ancêtre de l’UPU. Cette date a été retenue pour célébrer la Journée internationale de la poste. L’UPU a ensuite été créée en raison de l’adhésion d’un nombre croissant de membres.

Plus de 660’000 offices postaux existent à travers le monde, employant quelque 5 millions de personnes.
Ils délivrent 436 milliards de lettres et 6 milliards de colis par an, au niveau national et international.
L’UPU compte 191 pays membres.
Créée en 1874 et basée à Berne, elle est la 2e plus ancienne agence internationale, après l’Union internationale des télécommunications, basée à Genève.

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