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La suspension du trafic aérien maintenue

A Zurich comme ailleurs, le personnel des aéroports s'est retrouvé au chômage technique. swissinfo.ch

Comme une vingtaine d'autres pays européens, la Suisse maintiendra son espace aérien fermé au moins jusqu'à lundi après-midi. La plupart des vols commerciaux prévus sont donc annulés. Ce week-end de paralysie constitue la plus grave crise du secteur aérien depuis le 11 septembre 2001.

Décrétée dès vendredi, la fermeture de l’espace aérien helvétique sera prolongée jusqu’à lundi 14h00. «Pour des raisons de sécurité, l’OFAC n’a pas eu d’autres choix», a indiqué Daniel Göring, porte-parole de l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC).

L’office, qui évalue continuellement la situation en concertation avec Météosuisse et les instances européennes, décidera d’ici lundi matin au plus tard si la fermeture de l’espace aérien helvétique doit être prolongée au-delà de lundi après-midi.

Invisible à l’œil nu, le nuage de cendres venu d’Islande a atteint la Suisse vers minuit vendredi, à 6000 mètres d’altitude. Il s’est ensuite abaissé peu à peu pour atteindre 2000 mètres dimanche matin et a perdu de sa densité, selon les mesures fournies par le radar à laser optique (LIDAR) de la station aérologique de Météosuisse de Payerne. Selon son directeur Bertrand Calpini, il serait cependant en train de se résorber.

Le rail très sollicité

Dans les aéroports du monde entier, des millions de voyageurs ont été cloués au sol en raison de la fermeture d’une grande partie de l’espace aérien européen. Au total, 63’000 vols ont été annulés depuis jeudi dans l’espace aérien d’Europe, a indiqué l’agence européenne pour la sécurité de la navigation aérienne Eurocontrol. Seuls 4000 vols ont pu s’effectuer dimanche et 5000 samedi, contre respectivement 24’000 et 22’000 en temps normal.

Pour ce qui est de la Suisse, le nombre de passagers concernés par l’annulation des vols au départ ou à destination d’un des trois aéroports nationaux se chiffre en dizaines de milliers. Certains ont renoncé à leur voyage, à l’instar de la présidente de la Confédération Doris Leuthard, qui devait assister dimanche aux funérailles du président polonais Lech Kaczynski à Cracovie. D’autres ont reporté leur voyage ou attendent de pouvoir prendre un autre vol.

C’est le cas des passagers en transit bloqués depuis vendredi soir à l’aéroport de Zurich, plaque tournante du trafic aérien international en Suisse. Si la plupart ont dormi à l’hôtel, 300 ont passé une nuit dans l’enceinte de l’aéroport et 80 une deuxième. Des couvertures, des sacs de couchage et des vivres ont été mis à leur disposition.

D’autres passagers enfin se sont rabattus sur le rail, forçant les CFF à doubler dimanche pratiquement tous les trains internationaux sur l’axe Nord-Sud. Quant aux plus fortunés, ils se sont tournés vers les taxis. Selon la NZZ am Sonntag, un passager a ainsi déboursé 4000 francs pour se faire conduire en taxi de Zurich à Copenhague.

Des millions de francs de perte

Au niveau économique, cette paralysie coûte plus de 200 millions de dollars (212 millions de francs) au secteur aérien par jour, selon l’Association internationale du transport aérien (IATA). Pour l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), l’impact de cette crise dépasse celui des attentats de 2001 aux Etats-Unis.

Sous la pression des compagnies aériennes, la Commission européenne cherche à faire ouvrir des routes dès le début de la semaine. Une réunion extraordinaire par vidéoconférence des ministres des transports de l’UE est prévue lundi, selon le ministre espagnol des transports, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE.

La compagnie aérienne Swiss a quant à elle annulé plus de 1100 vols depuis jeudi, ce qui représente approximativement 110’000 réservations, a indiqué dimanche son porte-parole Jean-Claude Donzel. Swiss refuse toutefois de se prononcer sur les conséquences financières de ce «grounding». «Nous ne donnons pas de chiffres tant que la situation n’a pas évolué», a indiqué Jean-Claude Donzel.

Interrogé sur les pertes financières causées par cette paralysie pour l’aéroport, le porte-parole de l’Aéroport international de Genève Bertrand Stämpfli a pour sa part évoqué des sommes à hauteur de centaines de milliers de francs par jour.

Les compagnies font des tests

De leur côté, certaines grandes compagnies aériennes se sont montrées irritées par cette immobilisation forcée de leurs appareils. Plusieurs d’entre elles ont effectué des vols tests – parfois jusqu’à 13’000 mètres d’altitude – pour mesurer l’impact des cendres volcaniques, estimant que les autorités avaient peut-être surréagi.

Selon les compagnies allemandes Lufthansa et Air Berlin, aucun dommage n’a été relevé sur les avions. De même, Air France n’a détecté aucune anomalie. Plus que la fermeture de l’espace aérien, c’est la méthode qui est contestée.

«La fermeture de l’espace aérien résulte uniquement des données d’une simulation informatique du Vulcanic Ash Advisory Center à Londres», a ainsi critiqué Joachim Hunold, patron de la deuxième compagnie allemande Air Berlin, dans le journal Bild am Sonntag.

swissinfo.ch et les agences

Le volcan islandais Eyjafjöll, situé à 120km à l’est de la capitale Reykjavik, est entré en éruption le 20 mars dernier après plus de 20 ans de sommeil. Cette première éruption a cessé après trois semaines

Mercredi dernier, une deuxième éruption dix fois plus violente s’est produite, forçant les autorités à évacuer plusieurs districts aux alentours du volcan.

Situé sous le cinquième glacier d’Islande, l’Eyjafjöll provoque généralement des tremblements de terre et des inondations lorsqu’il entre en éruption.

Un gigantesque nuage de fumée et de cendres a en outre été projeté dans l’atmosphère.

Paradoxalement, l’Islande a été épargnée. Poussées par le vent, ce nuage s’est dirigé vers le nord du continent européen qu’il a atteint jeudi en soirée.

Or ce type de nuage constitue un risque majeur pour l’aviation civile, car les cendres peuvent endommager les moteurs des avions et réduire à néant la visibilité.

Historiquement, les éruptions du volcan Eyjafjöll ont souvent réveillé le volcan voisin Katla, considéré comme beaucoup plus dangereux. Endormi depuis 1918, Katla est désormais étroitement surveillé par les scientifiques.

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