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Rencontre avec Indira Gandhi, médecin dans le Tamil Nadu

Indira Gandhi au milieu de ses patients courtesy Suradeep Hospital

A la tête d’un hôpital d'une petite ville de la côte sud-est de l'Inde, Indira Gandhi s'occupe beaucoup de gens dans le besoin. Rencontre à Mammallapuram avec une femme au patronyme illustre.

Le flux des patients à l’hôpital Suradeep de Mammallapuram, dans l’Etat du Tamil Nadu, est en partie conditionné par l’horaire du bus, en partance toutes les 30 minutes. Le personnel se presse pour ne pas faire attendre le véhicule trop longtemps. La salle d’attente avec ses chaises en métal et ses ventilateurs au plafond affiche sur les murs des informations sur la rage, la grippe porcine et la perte de cheveux.

Cela fait 20 ans qu’Indira Gandhi dirige cet hôpital de 20 lits. «Je suis née le jour où Indira Gandhi a été élue Premier ministre. Homme politique, mon père m’a donné ce nom avec le souhait que je devienne médecin ou politicienne pour être au service de la communauté », raconte avec le sourire la responsable de l’hôpital.

Un souhait paternel qui semble comblé, vu l’engagement dont témoigne Indira Gandhi. Elle est habituellement le seul médecin de garde – les autres membres du personnel étant des infirmières – et n’a pas pris de vacances depuis longtemps. Elle habite juste à côté de l’hôpital de deux étages qui admet les patients de 8 heures à minuit.

Selon l’Enquête nationale sur la santé familiale (2005-2006), le secteur médical privé demeure la principale source de soins de santé pour 70% des ménages dans les zones urbaines et 63% des ménages dans les zones rurales.

La raison principale identifiée par l’enquête est la mauvaise qualité des soins dans le secteur public, la distance de l’installation du secteur public, les longs délais d’attente et les heures d’ouverture peu pratiques.

42% des enfants indiens de moins de trois ans souffrent de malnutrition.

Environ 1,72 million d’enfants meurent chaque année avant leur premier anniversaire.

Des maladies telles que la dengue, l’hépatite, la tuberculose, le paludisme et la pneumonie continuent de sévir en Inde en raison d’une résistance accrue aux médicaments.

Faute de toilettes, plus de 50% de la population (638 millions) défèque en plein air. Ce qui  conduit à la propagation de maladies liées aux infections parasitaires et bactériennes.

L’accès aux sources protégées d’eau potable s’est amélioré, passant de 68% de la population en 1990 à 88% en 2008. Seul 26% de la population des bidonvilles a accès à l’eau potable et 25% de la population totale est connectée chez elle à  l’eau potable.

Plus de 68% de la population vit dans l’Inde rurale dont la moitié vit sous le seuil de pauvreté, luttant pour un meilleur accès aux soins de santé et aux services.

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Privé ou public

Suradeep est un hôpital privé: probablement plus cher qu’un établissement public, mais pas aussi coûteux que ceux des grandes villes. «Les gens choisissent un hôpital en fonction de leur statut socio-économique et selon les services de l’hôpital, raconte Indira Gandhi. Mon hôpital n’est pas comme les autres, comme ceux en particuliers de Chennai (capitale de l’Etat du Tamil Nadu, à une trentaine de km au nord de Mammallapuram), où vous devez payer des frais de consultation juste pour enregistrer votre nom. Cela coûte entre 50 à 500 roupies (1 à 10 francs).»

Selon le médecin, «dans les hôpitaux publics tout – y compris les opérations – est essentiellement gratuit, mais il y a des frais pour certaines choses comme la tomodensitométrie et autres diagnostics».

L’hôpital de Suradeep est spécialisé dans les soins primaires, les diagnostics de laboratoire et la physiothérapie. La plupart des patients sont des pêcheurs et des commerçants. Elle traite également environ 500 touristes par an, principalement pour des problèmes digestifs et cutanés.

«Les gens peuvent venir me parler et je fixe un prix en fonction de leurs moyens. Donc, pour les gitans (originaires de l’Inde), je donne une consultation gratuite et ils n’ont à payer que les médicaments. Parfois je peux leur donner des échantillons gratuits que je reçois des compagnies pharmaceutiques », explique Indira Gandhi.

Et d’ajouter: «Nous essayons de distribuer uniquement les médicaments de marque. Ils sont très chers par rapport aux versions génériques. Mais nous voulons leur donner le meilleur médicament possible. En tout état de cause, ils doivent recevoir la dose nécessaire pour toute la durée du traitement, en particulier dans le cas des antibiotiques.»

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Trop cher?

Même si c’est trop cher pour certains, Indira Gandhi ne pense pas que les médicaments sur ordonnance sont hors de prix en général.

«Par rapport à d’autres pays, le coût de la médecine en Inde est vraiment abordable. Un grand nombre de touristes s’approvisionnent en produits ayurvédiques et en médicaments à base de plantes. Pour les habitants, le gouvernement contribue à payer la facture. Les prix sont raisonnables en Inde», assure la femme médecin.

Dans certains Etats indiens, comme le Tamil Nadu, les patients pauvres souffrant de diabète, de maladie cardiaque et d’autres maladies chroniques obtiennent gratuitement les médicaments. Une partie du travail d’Indira Gandhi consiste d’ailleurs à évaluer si les gens ont besoin ou non d’aide financière.

Pour Indira Gandhi, gagner de l’argent n’est pas la motivation principale : «Nous devons faire notre devoir avec cœur, non pour l’argent. Il s’agit de satisfaction au travail, de sens du service et de l’esprit de sacrifice. C’est particulièrement le cas pour les femmes médecins. Nous sacrifions beaucoup de choses dans notre vie de famille. »

Son fils de 20 ans approuve : « Elle est très bon médecin, mais une mauvaise mère. »

Traduit de l’anglais: Frédéric Burnand

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