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Tableau d’un élève de Léonard de Vinci adjugé 2,3 millions d’euros

Cette oeuvre de Bernardino Luini a été vendue aux enchères jeudi pour 2,3 millions d'euros (archives). KEYSTONE/EPA/YOAN VALAT sda-ats

(Keystone-ATS) Un tableau exceptionnel d’un des élèves les plus proches de Léonard de Vinci, Bernardino Luini, “Vierge à l’enfant avec Saint-Georges et un ange musicien”, a été adjugé jeudi à Paris pour 2,3 millions d’euros. Il s’agit d’un record pour l’artiste.

“Grâce au travail méticuleux de recherche et de restauration, je suis heureux que le marché rende hommage au talent de Bernardino Luini qui atteint ce soir 2’300’400 euros” frais compris, a salué Grégoire Lacroix, directeur du département des tableaux et dessins anciens chez la maison Aguttes, qui organisait la vente à Drouot.

Ce peintre de XVe siècle italien travailla un temps pour Léonard de Vinci et à le Salvator Mundi lui avait été attribué par certains experts. Son chef d’oeuvre avait été estimé entre 1,8 et 2 millions d’euros.

L’oeuvre de la Renaissance avait été précédemment acquise le 6 juillet 2017 par un collectionneur privé allemand, pour une somme dix fois moindre, 200’000 euros, chez Christie’s à Londres.

Collectionneur anglais

Bernardino Luini (1480-1532), surnommé le “Raphaël de Lombardie”, avait été, avec Giovanni Antonio Boltraffio (1467-1516), un des élèves et assistants principaux du grand maître toscan. A l’occasion du 500e anniversaire de la mort de ce dernier, le Louvre lui consacre la plus grande rétrospective jamais organisée.

Cette “Vierge à l’enfant” faisait partie de la collection de Sir Francis Cook, l’une des plus importantes collections d’Angleterre rassemblée au XIXe siècle, tout comme le fameux Salvator Mundi, dont la localisation reste un mystère depuis sa vente record à 450 millions de dollars en 2017.

L’industriel, épaulé dans ses acquisitions par Sir Charles Robinson, conservateur de la collection de la Reine Victoria, avait acquis les deux oeuvres vers 1900, comme étant toutes deux de la main de Bernardino Luini.

Un peu oublié à cause d’une erreur

Ce tableau sur fond de village et de montagne imaginaire, montre Saint-Georges qui vient de décapiter le dragon, symbole du mal, offrant la tête de la créature à Jésus, enfant, dans les bras de sa mère. Jésus lui remet la palme de la victoire, tandis qu’un ange joue du luth derrière eux.

Cette huile sur panneau, qui avait subi plusieurs restaurations maladroites avec des vernis jaunis, a été profondément rénovée et a retrouvé son lustre. Les couleurs vives sont typiques de l’expérience qu’avait Luini de la fresque et le sfumato est inspiré directement de Léonard.

Au XVIe siècle, Luini, connu comme excellent fresquiste, sera le peintre milanais le plus célèbre. Puis il tombera un peu dans l’oubli, à cause d’une erreur de Giorgio Vasari, qui, dans son ouvrage de référence, “Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes”, l’appellera “di Lupino”. Il faudra attendre le XIXe siècle pour que le malentendu soit dissipé.

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