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Thomas Süssli à la tête de l’armée suisse

Le futur chef de l'armée Thomas Süssli et la ministre de la défense Viola Amherd se sont présentés tout sourire devant la presse mercredi. KEYSTONE/PETER KLAUNZER sda-ats

(Keystone-ATS) Thomas Süssli dirigera l’armée suisse dès l’an prochain. Le Conseil fédéral a désigné mercredi cet ancien banquier et informaticien de 52 ans qui dirige actuellement la Base d’aide au commandement comme successeur de Philippe Rebord.

“Sa grande expérience en matière de direction de projets complexes, mais aussi ses compétences en matière de cyberdéfense”, ont fait la différence, a expliqué à la presse la ministre de la défense. Viola Amherd l’a préféré à trois autres candidats dont une femme, tous aussi très qualifiés pour le poste, a-t-elle relevé.

Le futur chef a un parcours plutôt atypique. Originaire de Wettingen (AG), il a effectué un apprentissage de laborantin en chimie. Après son instruction en tant qu’officier et un engagement de l’ONU en Namibie, Thomas Süssli s’est reconverti à Bâle dans l’informatique auprès de la Société de banque suisse.

Il a effectué diverses formations et obtenu le CFC d’analyste programmeur, le brevet fédéral d’informaticien de gestion et le diplôme d’analyste financier. Titulaire d’un Executive Master of Business Administration, il a fait une carrière bancaire, qui est passée par l’UBS, la banque Vontobel et Credit suisse.

De 2001 à 2007, il a dirigé à Zurich une société dont il était copropriétaire (IFBS SA). Sa trajectoire l’a aussi amené à travailler à Londres et Singapour.

Vocation militaire

En tant qu’officier de milice, Thomas Süssli a commandé une compagnie sanitaire et un bataillon d’hôpital. En 2008, il a rejoint l’état-major d’une brigade logistique qu’il a commandée à partir de 2015. Il est devenu chef de la Base d’aide au commandement l’an dernier.

L’armée est “une véritable vocation” pour l’heureux élu. Thomas Süssli a assuré n’avoir jamais regretté ses activités civiles et vouloir s’engager “de tout coeur pour la sécurité du pays”.

Pour la Société suisse des officiers (SSO), cette nomination était inattendue. Elle considère toutefois ce choix comme une bonne nouvelle et M. Süssli devrait pouvoir répondre aux exigences élevées liées à ce poste.

Nombreux défis

Le nouveau chef de l’armée aura de gros chantiers à mener. Après le non à l’achat d’avions de combat Gripen, il devra d’abord convaincre le peuple de soutenir le principe de l’achat de nouveaux jets, probablement en septembre ou novembre 2020 afin que la mise en service puisse intervenir d’ici fin 2030.

Le Conseil des Etats bataillera dès cet automne sur l’enveloppe financière prévue (maximum 6 milliards) mais aussi sur les affaires compensatoires pour l’industrie suisse. L’enjeu est de taille: les avions de combat actuels arriveront à la fin de leur durée d’utilisation au plus tard vers 2030. S’ils ne sont pas remplacés à temps, l’armée ne pourra plus remplir sa mission.

Les procédures de renouvellement des moyens de défense sol-air de longue portée et de la flotte d’avions de combat sont quant à elles en cours d’évaluation. Les deux projets ont été dissociés afin de ne troubler le débat sur les avions, mais ils sont coordonnés et le nouveau chef devra les suivre de front.

A l’interne, Thomas Süssli devra assurer la mise en oeuvre de la réforme de l’armée lancée en 2018 et qui devrait être finie à l’horizon 2021. Pour l’instant, les travaux avancent comme prévu. L’idée est notamment d’améliorer la disponibilité des troupes avec un effectif réduit à 100’000 militaires et d’améliorer la formation des cadres.

Cyberrisques

La cyberdéfense occupera aussi le nouveau chef. Selon lui, les menaces sur ce front sont reconnues depuis 2003 et l’armée ne cesse d’adapter ses réponses mais il faut continuer. Les cyberrisques viennent s’ajouter aux menaces traditionnelles, il faut utiliser des moyens numériques pour défendre tout le système de l’armée, a-t-il déclaré.

Autre souci, freiner l’érosion des effectifs de l’armée au profit du service civil. Le Conseil des Etats devrait toutefois empoigner cet automne la réforme du service civil qui doit rendre la transition plus difficile.

Le futur chef s’est dit convaincu de la nécessité d’associer toute l’armée à son développement. Il entend instaurer une culture qui laisse une place à l’erreur.

Thomas Süssli succède à Philippe Rebord. Ce dernier a annoncé au début avril son départ à la fin de l’année pour des raisons de santé. Le Valaisan, 61 ans, a été victime d’une thrombose grave en janvier et souffre de sérieux problèmes à la hanche.

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