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Centaines de migrants sauvés au large de l’Italie et de la Libye

L'hiver rend la mer encore plus dangereuse: selon l'ONU, plus de 440 personnes sont mortes ou disparues en janvier et février en tentant de rejoindre l'Europe depuis la Libye (image symbolique). KEYSTONE/AP/SANTI PALACIOS sda-ats

(Keystone-ATS) Les gardes-côtes italiens ont coordonné vendredi les opérations de secours d’environ 900 migrants au large de la Libye. La même journée la marine libyenne a sauvé 115 personnes: leur embarcation a coulé non loin de la côte. Tous tentaient de rejoindre l’Europe.

Le canot pneumatique a sombré vers 03h00 du matin juste au large de Tajoura, une petite ville à trente kilomètres à l’est de Tripoli. L’embarcation était surchargé et prenait l’eau, a expliqué un porte-parole de la marine.

“Nous avons secourus 115 migrants clandestins, dont six femmes, tous de nationalités africaines sauf un ressortissant du Bangladesh”, a affirmé le général Ayoub Qassem. Vingt-cinq personnes sont portées disparues.

Selon les témoignages des survivants, “il y avait 140 passagers” à bord. “Nos recherches des disparus ont été infructueuses”, a-t-il déploré. Les migrants ont reçu à Tripoli les premiers secours nécessaires avant d’être remis aux autorités de lutte contre l’immigration clandestine.

Il y a une dizaine de jours, les corps de 74 migrants avaient été découverts sur une côte de l’ouest du pays. Selon la garde-côte libyenne, des passeurs avaient dérobé le moteur de leur embarcation.

Vers la Sicile

Plus au large, environ 900 migrants ont été récupérés vendredi alors qu’ils dérivaient en Méditerranée, ont annoncé les garde-côtes italiens. La veille, ils avaient sauvaient des centaines d’autres personnes.

Un navire norvégien engagé dans le dispositif européen Frontex et par l’Aquarius, un navire humanitaire affrété par les ONG SOS Méditerranée et Médecins sans frontières se sont portés au secours des migrants. Ces derniers se trouvaient à bord de quatre grands canots pneumatiques et de six embarcations plus petites.

L’Aquarius faisait route vendredi soir vers la Sicile avec plus de 500 personnes, dont sept bébés et douze très jeunes enfants et une soixantaine de mineurs non accompagnés, a rapporté SOS Méditerranée. Outre une majorité d’Africains, les secouristes de l’ONG ont recensé un tiers de Bangladais et de nombreuses familles syriennes, qui vivaient pour la plupart depuis 3 à 5 ans en Libye.

“Nous arrivons de l’enfer. Les milices, pas d’argent, pas de gouvernement, les guerres entre villes…”, a déclaré un Syrien, ancien professeur d’anglais qui a travaillé pendant 3 ans sur des chantiers en Libye. “Sur le bateau, c’était terrifiant, mais nous n’avions pas d’autre choix”.

Un Bangladais dont l’embarcation a été secourue dans des conditions difficiles dans la nuit a expliqué avoir fui la violence et la pauvreté dans son pays. “Mais la Libye, c’est vraiment pire. On ne peut pas aller au marché sans risquer de se faire tirer dessus”.

Beaucoup d’enfants

Jeudi, plus de 800 personnes de divers pays africains, notamment d’Érythrée et de Somalie, avaient été sauvées. Elles ont été acheminées au port d’Augusta dans le sud-est de la Sicile.

Un Somalien qui figurait parmi les personnes sauvées jeudi est mort dans la nuit sur le bateau qui ramenait les survivants vers l’Italie, a indiqué un porte-parole des garde-côtes. “Ces gens ont eu un voyage très difficile”, a déclaré la porte-parole de l’organisation Save the Children, Giovanna Di Benedetto, rencontrée au port.

“Les mineurs sont nombreux à ne pas être accompagnés; il y a même de petits enfants. Certains d’entre eux sont vraiment tout petits”, a-t-elle ajouté.

Carrefour de l’immigration

Avant ces opérations, les autorités italiennes avaient enregistré l’arrivée de plus de 14’300 personnes depuis début janvier, soit une hausse de 55% par rapport à 2016 et de 80% par rapport à 2015. Toute comparaison établie sur quelques semaines reste néanmoins délicate.

L’hiver rend la mer encore plus dangereuse: selon l’ONU, plus de 440 personnes sont mortes ou disparues en janvier et février en tentant de rejoindre l’Europe depuis la Libye. Et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime que plus de 4500 ont trouvé la mort en tentant la traversée de la Méditerranée en 2016.

Six ans après la chute de Mouammar Kadhafi, la Libye déchirée par les luttes de pouvoir et les violences est devenue un carrefour de l’immigration clandestine vers l’Europe. Les passeurs organisent des départs, généralement depuis l’ouest du pays, à destination de l’Italie située à seulement 300 kilomètres.

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