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Comment le LSD modifie l’importance accordée aux choses

Le LSD n'en finit pas de livrer des surprises. Ici, son découvreur, le chimiste suisse Albert Hofmann (1906-2008), photographié à l'occasion de son 100e anniversaire lors d'un symposium international sur cette substance en 2006 à Bâle. KEYSTONE/PATRICK STRAUB sda-ats

(Keystone-ATS) Des chercheurs zurichois ont mis au jour les mécanismes qui font que les personnes sous LSD accordent davantage d’importance à certaines choses ou événements qu’en temps normal. Ces travaux pourraient aider à mieux comprendre et traiter des maladies psychiques.

L’équipe de la Clinique psychiatrique universitaire de Zurich emmenée par Katrin Preller et Franz Vollenweider a constaté que le récepteur sérotoninergique 2A en particulier joue un rôle central dans le phénomène. Le cerveau compte quatorze types de récepteurs pour le neurotransmetteur sérotonine, et il est connu que différentes substances psychotropes – et également des antidépresseurs – modifient son activité.

Le LSD stimule les récepteurs 2A et change chez le sujet la perception de l’importance des choses, écrivent les scientifiques dans la revue “Current Biology”. Pour leur étude, ils ont demandé à 22 participants d’écouter 30 morceaux de musique et d’évaluer l’importance personnelle qu’ils leur accordaient.

Puis ils leur ont fait réécouter et réévaluer les morceaux, tantôt sous l’influence de l’hallucinogène, tantôt en leur administrant un placebo. “Des morceaux qui étaient auparavant classés comme sans signification devenaient alors sous LSD des morceaux importants”, indique Mme Preller, citée jeudi dans un communiqué de l’Université de Zurich.

Les scientifiques ont démontré que ce sont précisément les récepteurs 2A qui jouent un rôle central en administrant aux sujets un médicament qui les bloque. Leur perception des choses est restée inchangée et ils n’ont pas ressenti non plus les autres effets psychiques provoqués d’ordinaire par le LSD.

Une surprise

Que les effets de la drogue puissent être supprimés par un simple blocage des récepteurs 2A est une surprise, explique Mme Preller. “Des études sur des animaux avaient montré que le LSD stimule d’autres récepteurs, comme le système dopaminergique D2, et on partait du principe que ce dernier était responsable des effets euphorisants”, note-t-elle.

On supposait également que d’autres systèmes de récepteurs étaient impliqués. Le fait qu’un rôle central puisse être attribué au récepteur sérotoninergique 2A dans la manière dont le cerveau attribue de l’importance aux choses ouvre des perspectives thérapeutiques intéressantes, selon les chercheurs.

Des médicaments pourraient ainsi être développés à l’intention de patients souffrant de troubles comme les phobies, la dépression ou les dépendances, dans lesquels une importante exagérée est accordée à certaines choses.

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