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Conflits: l’UNICEF veut plus de 3 milliards pour aider les enfants

De nombreux enfants se trouvent parmi les déplacés à Idlib en Syrie (archives). KEYSTONE/AP/STR sda-ats

(Keystone-ATS) Près d’un quart des enfants vivent dans un pays en conflit ou atteint par un désastre. L’UNICEF a demandé mardi à Genève 3,29 milliards de francs pour aider 48 millions d’entre eux. Elle n’a pas encore anticipé les possibles conséquences du décret de Donald Trump.

“La priorité est d’apporter l’assistance” dans les pays où se trouvent les enfants dans le besoin, a souligné dans un entretien à l’ats le directeur des programmes d’urgence du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) Manuel Fontaine. “Ces quelque 50 millions d’enfants déplacés à travers le monde sont notre responsabilité commune”.

L’impact potentiel de la suspension du programme américain de réinstallation de réfugiés, notamment de Syriens, devra être évalué. “Il faut qu’on voie comme cela va se passer”, dit M. Fontaine.

Globalement, l’UNICEF a apporté dans les dix premiers mois de 2016 de l’eau potable à plus de 13,5 millions d’enfants. Près de 9,5 millions ont été vaccinés contre la rougeole. Plus de 6 millions ont eu accès à l’éducation et 2,2 millions ont été soignés pour une malnutrition sévère.

En 2017, l’UNICEF veut agir dans près de 50 pays. Il veut notamment permettre à plus de 19 millions d’enfants d’accéder à l’eau potable et garantir une éducation à plus de 9 millions d’enfants. Ou encore vacciner plus de 8 millions contre la rougeole et soigner plus de 3 millions de personnes de malnutrition sévère.

Nigeria et Yémen ciblés

Les enfants concernés par l’appel de l’UNICEF “sont exposés à la violence, aux maladies et à l’exploitation”. “On voit une tendance sérieuse sur la malnutrition et les questions d’accès” à la nourriture, combinées à la santé et à l’eau potable.

Plus de 7 millions d’enfants vont être confrontés à de la malnutrition aiguë sévère. Dans le nord-est du Nigeria et au Yémen, où ils sont près d’un million au total à faire face à ces difficultés.

Parmi le demi-million d’enfants concernés dans le pays africain, 20% risquent de décéder dans les prochains mois sans une action. Au Yémen, le nombre de cas a triplé en deux ans. Ce fléau combiné aux maladies ou au manque d’accès à l’eau tue un enfant toutes les dix minutes, a rappelé la représentante de l’UNICEF sur place, Meritxell Relano.

Près de 1500 enfants ont été tués et la mortalité infantile “est revenue au niveau d’il y a dix ans”. L’UNICEF veut aider près de 90’000 enfants supplémentaires face à la malnutrition dans ce pays. Il va aussi réhabiliter à nouveau 400 écoles.

Syrie puis Yémen et Soudan du Sud

Le pays le plus visé par l’appel est la Syrie et ses pays limitrophes, avec près d’1,5 milliard de francs. Suivent le Yémen et le Soudan du Sud, qui prend de l’importance notamment en raison des violences à l’égard des enfants. Ces abus “n’ont certainement pas diminué” dans plusieurs régions du monde.

Autre cible de l’UNICEF, les enfants bloqués sur les routes migratoires. Lorsqu’ils en réchappent, ils ont une “énergie incroyable” et une “volonté de faire quelque chose de positif”, dit M. Fontaine.

Dans un monde marqué par les incertitudes et la lutte contre le terrorisme, il devient “plus difficile” de parler des enfants, déplore M. Fontaine. Certains sont détenus, d’autres déplacés. Une conférence doit se pencher prochainement sur leur utilisation “préoccupante” dans les conflits.

Dans le même temps, la “guerre de Boko Haram” pour déscolariser des enfants aboutit parfois à des effets inverses. Dans le nord-est du Nigeria,”on scolarise des gens qui n’avaient jamais été scolarisés”, dit M. Fontaine. De nombreux enfants ont accès à l’éducation dans des camps de déplacés.

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