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Démission avec fracas de la commission antipédophilie du Vatican

"Le manque de coopération, en particulier de la part du dicastère (ministère) le plus impliqué sur la question des abus sexuels, a été honteux", a dénoncé Marie Collins (G). KEYSTONE/AP/RICCARDO DE LUCA sda-ats

(Keystone-ATS) L’Irlandaise Marie Collins, victime dans sa jeunesse d’abus sexuels par des religieux, a annoncé mercredi sa démission d’un groupe d’experts de lutte contre la pédophilie créé par le pape François. Elle dénonce un manque “honteux” de coopération.

Créée en 2014 sous la présidence du cardinal américain Sean O’Malley, cette commission compte des religieux et des laïcs. Elle avait déjà vu le départ voici un an du Britannique Peter Saunders, victime d’actes pédophiles de la part d’un proche et de deux prêtres.

Avec le départ de Mme Collins, la commission pontificale pour la protection des mineurs, formée en grande partie de psychologues, n’a donc plus de représentants des victimes. Dans un communiqué, l’Irlandaise a dénoncé “la résistance de certains membres de la Curie (gouvernement du Vatican) au travail de la commission”.

“Le manque de coopération, en particulier de la part du dicastère (ministère) le plus impliqué sur la question des abus sexuels, a été honteux”, a-t-elle ajouté. “Malgré l’approbation par le pape François de toutes les recommandations faites par la commission, il y a eu des revers constants.”

“L’année dernière, une simple recommandation, approuvée par le pape François, concernant un petit changement de procédure concernant l’aide aux victimes/survivants, est parvenue au dicastère. En janvier, j’ai appris que le changement avait été refusé. Dans le même temps, une requête de coopération sur une question fondamentale du travail de la commission était également refusée”, a-t-elle détaillé.

“Contributions extraordinaires”

“Tout en espérant que la commission réussira à vaincre la résistance, pour moi c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase”, a-t-elle asséné. Elle précise néanmoins avoir accepté la proposition du cardinal Sean O’Malley de continuer à travailler sur des projets éducatifs au sein de l’Eglise, y compris ceux destinés à la Curie et aux nouveaux évêques.

Dans une déclaration écrite, le cardinal O’Malley a pour sa part remercié Marie Collins pour ses “contributions extraordinaires”.

Il y a un an, M. Saunders s’était insurgé contre la confirmation d’un évêque chilien soupçonné d’avoir protégé un prêtre accusé de pédophilie. Et il n’avait pas hésité à élever la voix contre le cardinal George Pell, tout-puissant “ministre” de l’Economie du pape, empêtré dans des affaires de pédophilie en Australie.

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