Des perspectives suisses en 10 langues

Décès de Charles-Henri Favrod, fondateur du Musée de l’Elysée

Le fondateur du Musée de l'Elysée, Charles-Henri Favrod, est décédé. KEYSTONE/FABRICE COFFRINI sda-ats

(Keystone-ATS) Charles-Henri Favrod est décédé. Le fondateur du Musée de l’Elysée à Lausanne est mort dimanche dans sa 90e année. Il était aussi journaliste, essayiste, collectionneur, grand voyageur. Le canton salue “un visionnaire”.

Annoncé lundi par 24 heures, le décès a été confirmé par le canton de Vaud. Né le 21 avril 1927 à Montreux (VD), Charles-Henri Favrod a fondé puis dirigé le musée de la photographie à Lausanne en 1985, premier du genre en Europe. Il a quitté l’Elysée en 1996.

Grande tristesse

Le Conseil d’Etat a fait part de sa “grande tristesse”. Il a salué “une personnalité vaudoise au rayonnement international, un visionnaire”. “Le musée créé par Charles-Henri Favrod est un précieux héritage, une institution d’importance internationale”, a souligné Anne-Catherine Lyon, conseillère d’Etat responsable de la culture, cité dans le communiqué.

“C’est quelqu’un qui a marqué le canton. C’était un précurseur” qui s’est battu pour que la photographie puisse s’intégrer dans l’espace muséal, a indiqué à l’ats le conseiller d’Etat Pascal Broulis.

Héritage considérable

“Nous devons énormément à Charles-Henri Favrod, un personnage visionnaire qui a défendu le médium photographique avec ferveur et détermination”, a déclaré Tatyana Franck, actuelle directrice du musée, qui parle dans le communiqué d'”un héritage considérable”.

Personnage hors du commun, Charles-Henri Favrod n’a pas vécu que des moments agréables dans le canton de Vaud. En 1998, il a fait retirer sa propre collection du Musée de l’Elysée (environ 30’000 images), estimant que la convention signée avec l’institution n’était pas respectée.

Période difficile

En 2003, le fondateur de l’Elysée est blanchi par la justice vaudoise. Accusé de faux dans les titres et de gestion déloyale des intérêts publics, il a plutôt fait preuve de négligence et de légèreté, estime le tribunal. “Ce procès n’avait pas lieu d’être”, notait alors le président de la Cour.

Admettant des maladresses dans la direction de l’Elysée, Charles-Henri Favrod continuait alors à se dépenser sans compter pour sa passion de la photographie et contribuait à la création d’un nouveau musée à Florence (Alinari, ouvert en 2006). Quelques heures après la lecture du verdict, il s’en allait vers l’Italie. “Durant ces années difficiles, les Toscans me consolaient des Vaudois”, déclarait-il.

Grand reporter

Licencié ès lettres de l’Université de Lausanne en 1952, Charles-Henri Favrod s’est fait connaître comme grand reporter en Indochine ou en Algérie, travaillant pour La Gazette de Lausanne, la radio et la télévision.

Grand érudit, spécialiste de l’Algérie, Charles-Henri Favrod a organisé la première rencontre officielle entre les gouvernements français et algérien à Genève en février 1961. En 1959, il avait écrit un livre intitulé “La révolution algérienne”.

Auteur prolifique

Cofondateur des Editions Rencontre, Charles-Henri Favrod a dirigé de nombreuses collections et a lui-même écrit plusieurs ouvrages consacrés au tiers-monde et à la photographie, à l’instar de “La puissance du regard” (1982) ou “Etranges étrangers” (1989). En 2015, il a encore publié “Citation, récitation”.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision