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Décision mercredi sur un report du procès de Teodorin Obiang

Le tribunal correctionnel de Paris se prononcera sur le report du procès du fils aîné du président de Guinée équatoriale, Teodorin Obiang, ici devant l'ONU (archives). KEYSTONE/AP/FRANK FRANKLIN II sda-ats

(Keystone-ATS) Le tribunal correctionnel de Paris se prononcera mercredi sur le report du procès du fils aîné du président de Guinée équatoriale, Teodorin Obiang, pour ses biens présumés “mal acquis” en France. Son procès s’est ouvert lundi en son absence.

Le prévenu, vice-président de Guinée équatoriale, ex-ministre de l’Agriculture et des Forêts, estime en effet ne pas avoir été correctement cité à comparaître. Ses avocats, qui considèrent ne pas avoir eu assez de temps pour préparer sa défense, ont demandé un renvoi des audiences.

“Monsieur (Teodoro) Nguema (Obiang Mangue) n’est pas un voyou, Monsieur Nguema n’est pas un bandit de grand chemin”, a plaidé l’un de ses conseils, Me Emmanuel Marsigny. “Il n’entend pas fuir ses responsabilités (…) il entend simplement être en mesure de faire valoir tous les moyens de droit pour sa défense”, a-t-il ajouté.

Mais les parties civiles comme le Parquet national financier ont fustigé des “manoeuvres dilatoires”.

Demande dilatoire

“Ordonner un renvoi, ce serait récompenser une stratégie de mauvaise foi”, a déclaré Me William Bourdon, qui représente Transparency International France, à l’origine de l’affaire.

“On arrive au summum de ce qui peut être fait en matière de demandes dilatoires”, a renchéri le procureur Jean-Yves Lourgouilloux, soulignant que “la comparution est un devoir”.

Le procès de Teodorin Obiang, le premier en France sur des biens présumés “mal acquis” par des chefs d’Etat africains ou leur entourage, est théoriquement prévu jusqu’au 12 janvier.

Précipitation dénoncée

Poursuivi pour blanchiment de corruption, de détournement de fonds publics et d’abus de bien social, Teodorin Obiang encourt jusqu’à dix ans d’emprisonnement et au moins cinquante millions d’euros d’amende.

En matière de blanchiment, le tribunal peut en effet prononcer une amende allant jusqu’à la moitié des sommes blanchies, évaluées ici à au moins 100 millions d’euros.

Teodorin Obiang conteste tout délit et assure avoir acquis son patrimoine français avec de l’argent légalement gagné dans son pays. “Sur le fond, il ne craint pas du tout cette audience”, assure Emmanuel Marsigny.

Mais sur la forme, ses avocats dénoncent la “précipitation” avec laquelle le Parquet national financier (PNF) a selon eux géré le dossier.

La présidente du tribunal, Bénédicte de Perthuis, a souligné que le délai dans lequel le procès avait été organisé était “tout à fait habituel”.

Procédure en Suisse

D’après l’accusation, Teodorin Obiang a acquis entre 2007 et 2011, soit directement, soit par l’intermédiaire de prête-noms ou de sociétés écrans, un patrimoine considérable en France via le produit de délits commis en Guinée équatoriale.

Parmi ces biens, dont il ne conteste pas la propriété, un hôtel particulier avenue Foch à Paris abritant notamment une salle de sport, un hammam, une discothèque avec écran de cinéma et un salon de coiffure, acheté 25 millions d’euros début 2005, des vêtements et des bijoux de luxe, ainsi qu’un parc automobile “hors du commun”.

“En raison de son importance, le patrimoine de Teodoro Nguema Obiang Mangue, valorisé à plus d’une centaine de millions d’euros, constitué en quelques années, ne peut avoir été financé par ses seuls revenus officiels”, estiment les juges.

La justice suisse s’intéresse également de près à Teodorin Obiang. Le Ministère public genevois a annoncé début novembre avoir ouvert une procédure pénale à son encontre. Dans le cadre de cette procédure, onze véhicules ont été séquestrés dans la zone de fret de l’aéroport de Genève.

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