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Denner célèbre en 2017 ses cinquante ans d’activité de discounter

Denner, dont les origines remontent à 1860 avec la fondation d'une épicerie mercerie à Zollikon (ZH), ouvrait son premier magasin discount il y a cinquante ans à Zurich-Altstetten (archives). KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER sda-ats

(Keystone-ATS) Si les origines de Denner remontent à la deuxième moitié du 19e siècle, le détaillant zurichois contrôlé depuis 2007 par Migros célèbre cette année ses cinquante ans d’activité en tant que discounter. En 1967, l’entreprise ouvrait son premier magasin à Zurich.

Pour retrouver les premières traces de Denner, il faut remonter à 1860 et l’ouverture d’une épicerie mercerie à Zollikon (ZH) par Heinrich Reiff. Vingt ans plus tard, ce dernier est rejoint par son gendre Cäsar Denner Reiff, lequel donne son nom à l’entreprise.

Transformée en société anonyme en 1935, Denner & Cie et ses quatre filiales sont reprises en 1946 par Import et commerce de Gros (IGA), firme qui compte au rang de ses actionnaires un certain Karl Schweri. Cette même année, M. Schweri est cependant débarqué en raison de conflits avec les autres propriétaires d’IGA.

S’emparant secrètement des actions d’IGA, Karl Schweri réapparaît cinq ans plus tard en tant qu’actionnaire majoritaire. Fils d’un agriculteur argovien, M. Schweri, qui a bâti sa fortune en négociant des contrats pour le fabricant de stylos à bille Biro et investi en Allemagne, entre autres, se lance alors dans sa lutte contre les prix imposés.

Combat politique

Ce combat, mené notamment contre l’industrie des articles de marque regroupée dans l’association Promarca, se solde par l’abolition du système des prix de vente aux consommateurs imposés pour les denrées alimentaires et les produits d’agrément. Cette idée réalisée, le premier discount peut ouvrir ses portes en 1967 à Zurich-Altstetten.

Se réclamant volontiers de Gottlieb Duttweiler, le fondateur de Migros, Karl Schweri s’érige en défenseur du “petit peuple”. Il poursuit ainsi son combat contre “l’économie planifiée” de l’agriculture ainsi que les cartels du tabac, du vin et de la bière.

Les affaires de Denner fleurissent. Après s’être doté d’un centre de distribution à Altstetten en 1968, le groupe compte déjà 50 magasins discount en 1970. Et en trois ans, le chiffre d’affaires double.

Ces années marquent également l’adoption de la raison sociale Denner pour l’ensemble du groupe IGA, Karl Schweri en étant le seul propriétaire et administrateur. En 1973, le discounter recense pas moins de 100 points de vente.

Diversification difficile

Alors que Karl Schweri multiplie ses incursions en terrain politique – celui-ci a lancé six initiatives populaires et quatre référendums – l’heure de la diversification sonne pour Denner. Echouant dans sa tentative de s’emparer du distributeur de tabac Rinsoz & Ormond, le discounter reprend à Merkur 35 points de vente et 17 drogueries (le futur groupe Wallace).

L’entreprise se lance aussi dans les voyages avec l’agence Pronto, puis bascule en 1984 dans les jouets, via l’acquisition de Franz Carl Weber (FCW). Il ne reste actuellement plus grand-chose de ses acquisitions, les drogueries ayant notamment été abandonnées.

Tout comme FCW, à la peine face à la grande distribution malgré les recentrages et restructurations, l’enseigne étant vendue en 2006 au français Ludendo.

Dans les années 1980, l’homme fort de Denner, tout comme Beat Curti, qui possède notamment le concurrent Pick Pay, caressent le rêve de constituer un 3e pôle face aux duellistes du commerce de détail helvétique Migros et Coop. Tous deux visent le groupe Usego-Trimerco (UTH), alors fournisseur de près de 5000 commerces indépendants.

Bien que détenteur de la majorité des titres d’UTH, Karl Schweri échoue dans sa prise de contrôle et il cède ses actions en 1990 au groupe Hofer & Curti, en échange de la chaîne Waro. Dès 1993, Denner adopte une stratégie de discounter dur en vendant des articles sous marque propre.

Ere Philippe Gaydoul

Peu avant ses 80 ans, Karl Schweri se retire définitivement des affaires, cédant la direction du groupe à son petit-fils, Philippe Gaydoul. Le fondateur du numéro trois du commerce de détail suisse s’éteint cinq ans plus tard, à fin mai 2001.

Les années 2000 seront marquées par la modernisation des magasins, le discounter cédant en 2003 les 28 points de ventes Waro à Coop. Denner réalise en 2004 le meilleur exercice de son histoire, ses 580 succursales et satellites générant un chiffre d’affaires de 1,84 milliard de francs, soit 11% de plus que le précédent record datant de 1991. En cinq ans, les ventes ont crû de moitié.

Alors que l’arrivée sur le marché suisse des deux discounters allemands Aldi et Lidl se précise, Denner tente de consolider sa position et procède en 2005 à la plus grosse acquisition de son histoire avec la reprise de 145 magasins Pick Pay à Rewe.

Anticipant la force de frappe et l’expansion rapide des deux concurrents allemands, la famille Gaydoul cède 70% de ses parts dans Denner à Migros en janvier 2007. Deux ans plus tard, le géant orange s’empare comme prévu de l’ensemble du capital.

Avant la crise financière et ses conséquences, puis l’ère du franc très fort, Denner établit un nouveau record de ventes en 2009, le chiffre d’affaires passant la barre des 3 milliards de francs, à 3,02 milliards. L’an passé, il s’est monté à 2,97 milliards, en hausse de 2%.

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