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Erdogan appelle les Turcs à voter contre la CDU, le SPD, les Verts

Le président turc a appelé à apporter le soutien nécessaire à ceux qui ne font pas preuve d'hostilité à l'encontre de la Turquie (archives). KEYSTONE/EPA/TUMAY BERKIN sda-ats

(Keystone-ATS) Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé les Turcs d’Allemagne à ne voter ni pour le parti chrétien-démocrate (CDU), ni pour le Parti social-démocrate (SPD), ni pour les Verts, lors des législatives de septembre. Il les a qualifiés d'”ennemis de la Turquie”.

“Apportez le soutien nécessaire à ceux qui ne font pas preuve d’hostilité à l’encontre de la Turquie. Peu importe que ce soit le premier ou le second parti, votez pour eux”, a ajouté M. Erdogan, sur fonds de tensions entre Ankara et Berlin, sans nommer de formation politique. “Il s’agit d’une lutte pour l’honneur de tous nos citoyens vivant en Allemagne”.

“Acte d’ingérence”

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, a dénoncé “un acte d’ingérence exceptionnel dans la souveraineté de notre pays”, dans un entretien à des journaux régionaux. “Cette ingérence d’Erdogan dans la campagne électorale montre qu’il veut monter les gens les uns contre les autres en Allemagne” avant le scrutin du 24 septembre, a ajouté le chef de la diplomatie, issu du SPD.

De son côté, le candidat social-démocrate à la chancellerie, Martin Schulz, a estimé que M. Erdogan, qui multiplie les saillies contre les dirigeants allemands, avait “perdu toute mesure”.

Le co-dirigeant des Verts, d’origine turque, Cem Özdemir, a jugé “peu surprenant” ces propos. “Tous ceux qui sont pour la démocratie, contre la corruption et la répression en Turquie (…) sont considérés tout simplement comme des traitres et des ennemis”, selon lui.

“Cinquième colonne”

Plus virulent encore, le secrétaire général de la CSU, parti frère bavarois de la CDU, Andreas Scheuer a jugé que M. Erdogan, “ce despote du Bosphore”, voulait “faire des germano-Turcs sa cinquième colonne”.

La diaspora turque en Allemagne, forte de trois millions de personnes, est la plus importante dans le monde. Près de 1,2 million de Turcs disposent également de la nationalité allemande, ce qui leur permettra de voter lors des élections législatives du 24 septembre.

Les relations entre la Turquie et l’Allemagne se sont particulièrement tendues depuis le putsch manqué du 15 juillet 2016, imputé au prédicateur Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis et qui nie les faits. Ankara accuse Berlin de faire preuve d’indulgence envers des “terroristes”, en abritant des séparatistes kurdes et des putschistes présumés.

Le gouvernement turc a notamment envoyé une note diplomatique à Berlin cette semaine, demandant à ce qu’Adil Öksüz soit recherché et extradé en Turquie. M. Öksüz, considéré comme le chef opérationnel des putschistes, est actuellement en fuite et certaines rumeurs le situent en Allemagne-

Purges condamnées

L’Allemagne de son côté, condamne fermement l’ampleur des purges entreprises en Turquie après le putsch manqué, au cours desquelles plus de 50’000 personnes ont été arrêtées.

Il y a actuellement 10 citoyens allemands, certains ayant la double-nationalité, détenus en Turquie, a affirmé mercredi le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Martin Schaefer. Parmi eux, Deniz Yücel, un journaliste germano-turc, correspondant du quotidien allemand Die Welt, détenu depuis février.

Le SPD de Martin Schulz, et la CDU d’Angela Merkel s’opposent dans les élections à venir. Ils ont cependant une position commune sur la Turquie au sein de la coalition actuellement au pouvoir. Les Verts quand à eux appellent à une ligne beaucoup plus dure à l’encontre de la Turquie.

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