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Face aux menaces turques, Athènes se retranche derrière la justice

Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a rappelé l'indépendance de la justice grecque (archives). KEYSTONE/AP/THANASSIS STAVRAKIS sda-ats

(Keystone-ATS) Le gouvernement grec s’est retranché vendredi derrière l’indépendance de la justice après la menace de la Turquie d’annuler un accord sur les migrants avec la Grèce et l’Union européenne (UE). La justice grecque avait refusé jeudi d’extrader huit militaires turcs.

Ankara réclame ces militaires qu’il accuse d’être liés au putsch manqué du 15 juillet en Turquie. “La Grèce est un Etat de droit”, et en son sein la “justice grecque indépendante a la compétence exclusive” sur les affaires liées aux extraditions, a indiqué un communiqué du service de presse du Premier ministre, Alexis Tsipras.

Ce communiqué a été diffusé après que le ministre turc des Affaires Étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a menacé d’annuler “l’accord de réadmission” sur les migrants conclu avec la Grèce et l’UE. “Nous prendrons les mesures nécessaires, y compris l’annulation de cet accord de réadmission” des migrants, a déclaré M. Cavusoglu, dans un entretien sur la chaîne de télévision publique TRT.

Cet accord permet aux autorités grecques de remettre à leurs homologues turques les migrants entrés illégalement en Grèce.

“Décision politique”

Ankara a aussi demandé dans ce contexte à Athènes de rejuger les huit militaires turcs qui se sont réfugiés en Grèce dans la foulée du coup d’Etat manqué, a poursuivi le ministre turc.

“Nous avons demandé que les huit soldats renégats soient jugés une nouvelle fois. C’est une décision politique, la Grèce protège et abrite des conspirateurs”, a-t-il dit.

UE confiante

Interrogée sur le risque de voir la Turquie annuler également l’accord conclu avec l’Union européenne, une porte-parole de la Commission européenne s’est dite “confiante” dans le fait qu’il continuerait de s’appliquer.

La Cour suprême grecque s’est opposée jeudi à l’extradition des huit militaires turcs, suscitant l’indignation d’Ankara. Les huit hommes – trois commandants, trois capitaines et deux sergents-majors – sont arrivés par hélicoptère le 16 juillet en Grèce où ils ont demandé l’asile en disant craindre pour leur vie.

Ils nient toute implication dans la tentative de putsch, qui a été suivie de vastes purges dans l’armée et la fonction publique, notamment. La justice grecque les a condamnés en juillet dernier à deux mois de prison avec sursis pour être entrés illégalement sur le territoire grec.

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