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Fukushima: Iitate rendue à ses habitants, Greenpeace met en garde

Une zone de décontamination proche d'une habitation à Iitate (archives) KEYSTONE/EPA/CHRISTOPHER JUE sda-ats

(Keystone-ATS) Le gouvernement japonais s’apprête à décréter à fin mars Iitate, une des localités japonaises évacuées après l’accident de Fukushima en mars 2011, à nouveau habitable. Mais Greenpeace met en garde ses habitants: les radiations n’ont pas été calculées à long terme.

“Des valeurs relativement élevées de rayonnements tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des maisons de la localité d’Iitate montrent un risque inacceptable d’exposition pour les citoyens s’ils y retournent”, s’alarme mardi l’ONG dans un communiqué. Depuis l’accident, Greenpeace a effectué des milliers de mesures dans les différentes zones de la ville (maisons, routes, champs et forêts).

Iitate fait partie des localités de Fukushima relativement éloignées de la centrale en péril Fukushima Daiichi (plus de 40 km au nord-ouest du site atomique) mais qui ont été fortement contaminées. Les autorités japonaises ne s’en sont rendu compte que tardivement et l’évacuation n’a eu lieu que fin avril 2011.

En juin, la section de gestion des sinistres atomiques du ministère japonais de l’industrie (Meti) a publié un communiqué affirmant “les conditions de la levée de l’ordre d’évacuation remplies”. L’ordre doit en principe être levé à compter du 31 mars prochain à minuit.

Selon les mesures envisagées par le gouvernement, les indemnités versées aux évacuées doivent être interrompues un an plus tard.

Référence à Tchernobyl

Au 1er février dernier, selon la préfecture concernée, les plus de 6000 ex-habitants d’Iitate vivaient encore à l’extérieur du bourg.

Six ans après Fukushima, le gouvernement considère cette zone rurale comme de nouveau habitable grâce à la décontamination qui a permis de réduire les doses d’exposition aux pourtours des maisons.

Mais les responsables de Greenpeace jugent cet assainissement partiel et hétérogène. Ils estiment que la répartition de la radioactivité est telle que l’évitement du risque obligerait à mener une vie “anormale”.

“Le niveau de radioactivité dans les forêts, qui représentent 75% de la zone et faisaient partie intégrante du cadre de vie des habitants avant l’accident, reste comparable à celui de la zone de 30 km toujours interdite d’habitat autour de Tchernobyl”, a informé Greenpeace dans un rapport rendu public mardi.

Calculs faussés

La décontamination de la forêt est impossible et les pouvoirs publics, qui le reconnaissent, se sont résolus à ne nettoyer que les maisons et 20 mètres autour des lieux de vie et de passage.

“Greenpeace ne souhaite pas se substituer aux citoyens, c’est à eux de décider en conscience s’ils veulent revenir à Iitate ou non, mais nous leur donnons des informations supplémentaires pour étayer leur jugement”, a expliqué mardi Jan Van de Putte, un spécialiste des mesures de radioactivité au sein de l’ONG.

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