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Greenpeace exige l’interdiction des néonicotinoïdes

La science a désormais montré que des plantes non ciblées absorbaient aussi les pesticides, qui se retrouvent dans le pollen, le nectar, le feuillage. KEYSTONE/REGINA KUEHNE sda-ats

(Keystone-ATS) Les pesticides de la classe des néonicotinoïdes sont toxiques pour les abeilles, les papillons et même les oiseaux. Etant solubles, ils finissent aussi dans les eaux, les sols et la végétation. Dans un nouveau rapport, Greenpeace exige leur interdiction complète.

Trois produits phytosanitaires – dont le Thiamethoxan de Syngenta – sont sous le coup d’une interdiction partielle en Suisse et dans l’Union européenne depuis 2013. Cela signifie par exemple qu’ils ne peuvent être utilisés qu’en dehors de la période de floraison, car ils nuisent aux insectes pollinisateurs comme les abeilles.

Dans un rapport publié jeudi, l’organisation écologiste Greenpeace demande l’interdiction totale de ces pesticides. Elle s’appuie sur une synthèse scientifique confirmant la nocivité des substances incriminées. Celle-ci analyse les nombreux travaux parus depuis 2013.

Nouvelles preuves

Les nouvelles connaissances rassemblées étayent le jugement porté alors par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Mais elles vont au-delà, écrivent des chercheurs réunis autour de Dave Goulson, de l’université britannique du Sussex, dans le rapport de Greenpeace.

“Depuis le moment où l’interdiction partielle a été adoptée, nous avons pris connaissance d’éléments encore plus solides prouvant la contribution des néonicotinoïdes au déclin des abeilles sauvages et leur effet délétère sur la santé des abeilles domestiques”, explique M. Goulson, spécialiste de l’écologie des bourdons.

L’EFSA reporte sa décision

Pour le scientifique, “il serait prudent d’étendre la portée des restrictions actuellement imposées à ces pesticides en Europe”.

L’EFSA a repoussé à l’automne la remise de son rapport sur les trois néonicotinoïdes partiellement interdits, a indiqué de son côté jeudi la Commission européenne. Il est donc pour l’instant trop tôt pour déterminer quelles suites la Commission donnera, avec les Etats membres, ajoute un porte-parole.

Plantes non ciblées contaminées

Selon la synthèse présentée par Greenpeace, les dernières recherches confirment le risque représenté par les cultures à fleurs traitées. Mais – fait nouveau -, des recherches ont aussi montré que d’autres plantes non ciblées absorbaient ces pesticides, qui se retrouvent dans le pollen, le nectar, le feuillage.

Le traitement de plantes sans fleurs représente en outre également un danger pour les auxiliaires (organismes utiles). Et les produits chimiques se retrouvent ensuite dans la terre, où ils s’accumulent. Dans les eaux, les insectes aquatiques s’y sont eux révélés beaucoup plus sensibles que les organismes utilisés initialement pour évaluer la toxicité des pesticides.

Bien que les techniques de semis aient évolué, la synthèse présentée souligne aussi que cette opération continue de générer des poussières, une “source d’exposition aiguë”.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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