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Il en faut plus pour contrer Boko Haram et aider les populations

François Hollande et son homologue nigérian Muhammadu Buhari ont signé "une lettre d'intention" qui préparera un accord en matière de défense. KEYSTONE/AP AFP POOL/STEPHANE DE SAKUTIN sda-ats

(Keystone-ATS) L’emprise de Boko Haram a reculé autour du lac Tchad, mais la communauté internationale doit en faire bien plus pour venir à bout du groupe islamiste. Et aider les populations, dont la situation est préoccupante, ont conclu samedi les participants du sommet d’Abuja.

Seul chef d’Etat non africain présent à ce sommet, le président français François Hollande a appelé à ne pas “baisser la garde”. Il a exhorté la communauté internationale à faire “davantage” en terme d’aide humanitaire et de développement pour les pays touchés.

“Les résultats sont impressionnants” dans la lutte contre Boko Haram qui “a été amoindri, obligé de reculer”, a reconnu M. Hollande. Mais “ce groupe terroriste reste néanmoins encore une menace”.

“Eradiquer les causes”

Le sommet s’est refermé avec un communiqué final soulignant que “la défaite de (cette) insurrection ne repose pas seulement sur une solution militaire mais également sur une action gouvernementale de développement en vue d’en éradiquer les causes”.

Pour le secrétaire d’État américain adjoint Antony Blinken, la “victoire sur le champ de bataille ne suffit pas”: “une approche durable et globale” est indispensable afin qu’on ne reproduise pas les mêmes erreurs et que Boko Haram ne renaisse pas de ses cendres. Il est essentiel de traiter dignement les anciens combattants de Boko Haram, a-t-il dit notamment, en référence aux accusations répétées d’abus commis sur des suspects.

Outre les représentants français, britannique et américain, la réunion a rassemblé onze pays du continent, dont les pays frontaliers du Nigeria (Bénin, Cameroun, Tchad et Niger), et la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne Federica Mogherini.

Force multinationale

Au coeur des discussions: comment mettre fin aux exactions des islamistes de Boko Haram qui depuis 2009 ont tué plus de 20’000 personnes dans la région du lac Tchad et contraint plus de 2,6 millions d’habitants à fuir leur foyer.

Le déploiement effectif de la force multinationale mixte (FMM), composée de 8500 hommes originaires du Nigeria et des pays voisins, mise en place depuis juillet, est resté jusqu’ici très confus. Une meilleure coordination entre les différentes armées est désormais indispensable.

Depuis l’arrivée de Muhammadu Buhari à la tête du Nigeria, il y a un an, l’armée a multiplié les victoires militaires contre Boko Haram, conduisant le président à annoncer que le groupe islamiste était “techniquement” vaincu. Désormais, Boko Haram “ne tient plus” aucun district administratif dans le nord-est, a-t-il de nouveau assuré samedi.

Toujours des attentats

Pourtant, le groupe reste puissant et commet régulièrement des attentats meurtriers, tandis que la forêt de Sambisa dans le nord-est demeure son bastion.

Dans une déclaration unanime adoptée vendredi, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est “alarmé” des “liens entre Boko Haram et l’Etat islamique”. Il y a un an, le premier a en effet prêté allégeance au second.

Le Conseil de sécurité s’est également alarmé de la situation humanitaire alarmante dans la région du bassin du lac Tchad. “La principale difficulté à présent est la réhabilitation” des infrastructures détruites, a confirmé samedi le président Buhari, évaluant à 960 millions d’euros l’aide nécessaire au développement de la région.

Accord de défense en vue

Plus tôt, le président français avait fait savoir que Paris allait continuer de soutenir la FMM, à travers de l’assistance, de la formation et du renseignement. La force Barkhane, déployée au Sahel, peut également “intervenir chaque fois qu’il y a un risque terroriste ou une action menée par des groupes”, a-t-il ajouté.

M. Hollande a précisé avoir signé avec M. Buhari “une lettre d’intention” en vue d’un accord de défense entre Paris et Abuja.

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