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L’Académie Barenboïm dévoile son écrin pour musique “intime”

Frank Gehry a conçu cette salle entièrement modulable, qui peut accueillir jusqu'à 682 spectateurs, tous placés à moins de 14 mètres du chef d'orchestre. KEYSTONE/EPA/FELIPE TRUEBA sda-ats

(Keystone-ATS) L’Académie Barenboïm-Saïd, qui forme à Berlin des jeunes musiciens du Moyen-Orient, a inauguré samedi la nouvelle salle Pierre Boulez. Cette enceinte “intime” en forme d’ellipse a été conçue par l’architecte Frank Gehry pour les formations restreintes.

“Ce sera une maison pour la musique contemporaine”, la musique de chambre, “la musique arabe et iranienne”, et “nous aurons aussi des soirées jazz”, promet le chef d’orchestre israélo-argentin Daniel Barenboïm. Il a ensuite fait retentir à 18h00 les premières notes d'”Initiale”, une fanfare de Pierre Boulez pour instruments à vent.

Les musiciens du nouvel Ensemble Boulez devaient poursuivre ce concert inaugural avec “le Pâtre sur le rocher”, un lied de Franz Schubert, des oeuvres de Mozart, Alban Berg et Jörg Widmann. La prestation devait se clore par “Incises”, une partition de Boulez pour piano solo.

Lieu de concert et de travail

Dessinée gracieusement par la légende américaine de l’architecture Frank Gehry, cette salle entièrement modulable peut accueillir jusqu’à 682 spectateurs, tous placés à moins de 14 mètres du chef d’orchestre. Elle a été aménagée au coeur de Berlin dans l’ancien bâtiment où la Staatsoper entreposait ses décors.

L’acoustique a été conçue, gracieusement aussi, par la star japonaise Yasuhisa Toyota. A la différence des salles spectaculaires pour orchestre, comme la Philharmonie de Berlin, il s’agit d’accueillir “la musique jouée par un ou deux musiciens” pour faire de leur écoute une “expérience intime”, explique son directeur, le Danois Ole Baekhoj.

Lieu de concerts aussi bien que de travail, la salle Pierre Boulez se veut la vitrine de l’Académie Barenboïm-Saïd. Cette institution accueille depuis octobre dernier quelque 90 jeunes musiciens du Maghreb et du Proche-Orient, formés à leur art autant qu’à l’histoire, la littérature ou la philosophie.

L’académie a été construite pour un coût total de 33,7 millions d’euros. Les deux tiers ont été financés par le ministère allemand de la Culture et le reste par des financements privés.

Messager de la paix

Musicien et citoyen engagé, Daniel Barenboïm poursuit avec cette nouvelle structure l’expérience engagée en 1999 avec le West-Eastern Divan Orchestra, qui réunit des musiciens israéliens et palestiniens. Il est devenu citoyen d’honneur palestinien en 2008.

Nommé “messager de la paix” des Nations unies en 2007, il avait dirigé un concert historique à Gaza en 2011, après plusieurs refus des autorités israéliennes de le laisser transiter par le territoire palestinien.

Le chef de 74 ans a connu très jeune Pierre Boulez, considéré comme l’un des plus grands compositeurs du XXe siècle. A sa mort, en janvier 2016, Daniel Barenboïm avait salué “un esprit créatif admirable et un ami proche”.

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