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L’ancien président haïtien René Préval n’est plus

René Préval a dirigé Haïti durant deux mandats, entre 1996 et 2001, puis de 2006 à 2011. Il est décédé vendredi d'un accident cardio-vasculaire (archives). KEYSTONE/AP/HARAZ N. GHANBARI sda-ats

(Keystone-ATS) L’ancien président haïtien René Préval est décédé vendredi d’un accident cardio-vasculaire à l’âge de 74 ans. Il aura été une personnalité politique incontournable des 30 dernières années en Haïti.

“J’ai appris avec émoi le décès de l’ancien Président René Préval. Je me prosterne devant la dépouille de ce digne fils d’Haïti”, a écrit le président Jovenel Moïse via son compte Twitter.

Michel Martelly, successeur de René Préval en mai 2011, a aussi réagi sur le réseau social: “Président Préval, Ti René, mon frère, mon ami et conseiller, ton départ nous laisse sous le choc”, a écrit celui qui a été à la tête du pays de 2011 à 2016.

René Préval a dirigé le pays de la Caraïbe durant deux mandats, entre 1996 et 2001, puis de 2006 à 2011. Il est le seul dirigeant depuis la fin de la dictature duvaliériste en 1986, à avoir achevé ses deux mandats, la limite imposée par la Constitution, sans subir de coup d’Etat ni avoir à partir en exil.

Après la chute de la dictature de la famille Duvalier en 1986, il milite activement dans les organisations populaires et les organismes de défense des droits de l’homme. Il se lie d’amitié avec le fondateur du mouvement “La famille, c’est la vie”, Jean-Bertrand Aristide, qui le considère comme son “frère jumeau”. René Préval prend néanmoins ses distances avec l’ancien prêtre des bidonvilles au début des années 2000.

Premier mandat

Agronome de formation, cet élu de gauche succède à chaque fois à Jean-Bertrand Aristide, deux fois chassé par des rébellions.

Lors de sa victoire à la présidentielle en 1996, René Préval est élu avec 87,9% des voix mais l’abstention dépasse les 70% du corps électoral. Durant ce premier mandat, René Préval construit des routes, inaugure des places, distribue du matériel scolaire dans les écoles et travaille avec les paysans sur la réforme foncière.

A la différence de nombre de ses prédécesseurs, il n’a pas été accusé de violation flagrante des droits de l’homme, de despotisme ou de vol.

Second mandat

Réélu président en 2006, il ne parvient néanmoins pas à juguler l’aggravation de la crise économique du pays. Haïti enregistre, en 2008, d’importantes manifestations populaires, surnommées les “émeutes de la faim”.

C’est lui aussi qui est à la tête du pays lors du terrible tremblement de terre qui a tué plus de 220’000 personnes le 12 janvier 2010. René Préval achève alors son mandat sans bénéficier d’une grande popularité, les habitants lui reprochant notamment son manque de leadership au lendemain de l’événement.

Son gouvernement est aussi critiqué pour ne pas avoir correctement géré les milliards de dollars d’aide humanitaire qui se sont déversés sur le pays après le séisme. L’essentiel de cette aide n’a néanmoins pas été directement acheminé à l’Etat haïtien.

Les Haïtiens lui reprochent également sa volonté d’imposer le candidat de son parti pour sa succession en octobre 2010, ce qui avait provoqué, dans la capitale d’importantes manifestations de partisans de Michel Martelly. C’est à ce dernier que René Préval a finalement passé l’écharpe présidentielle en mai 2011.

Incontournable

Très discret et sortant rarement en public, René Préval n’en est pas moins resté une personnalité politique incontournable du pays.

Durant l’interminable crise électorale de 2015 et 2016 et même jusqu’au jour de son décès, politiciens et diplomates se rendaient régulièrement à son domicile, sur les hauteurs de la capitale, pour prendre conseil.

Divorcé et remarié, il était père de deux filles et un fils.

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