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L’auteur Orhan Pamuk censuré pour critiquer Erdogan

Le célèbre écrivain turc Orhan Pamuk a déjà plusieurs fois critiqué le président de son pays (archives). Keystone/TI-PRESS/SARA SOLCA sda-ats

(Keystone-ATS) L’écrivain turc Orhan Pamuk a accusé mardi un journal d’avoir refusé de publier un entretien avec lui. Dans cette interview, le prix Nobel de littérature en 2016 s’oppose à une réforme renforçant les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan, soumise à référendum.

Interrogé par la plate-forme Susma (Silence), qui combat la censure médiatique en Turquie, M. Pamuk a déclaré avoir “eu un grand et bel entretien” avec le quotidien Hürriyet, indiqué qu’il allait “voter ‘non’ au référendum et expliqué les raisons de (sa) décision”. Cet entretien, qui devait paraître lundi, n’a “hélas (…) pas été publié”, a ajouté l’auteur de “Neige” et “Mon nom est Rouge”.

Aucun commentaire n’a pu être obtenu dans l’immédiat auprès du quotidien Hürriyet, fleuron de Dogan Holding, l’un des plus grands groupes de Turquie qui possède notamment des intérêts dans les médias et l’énergie.

Autocensure des grands médias

Cet épisode illustre l’autocensure dans les médias grand public en Turquie, dans un contexte de pressions croissantes sur la presse, en particulier depuis la tentative de coup d’Etat du 15 juillet dernier. Après le coup de force, des dizaines de médias ont été fermés et des centaines de journalistes licenciés dans le cadre de vastes purges dont l’ampleur a suscité des critiques de l’Europe.

Et à deux mois d’un référendum programmé pour le 16 avril sur une réforme constitutionnelle visant à présidentialiser le système, la pression semble s’accroître davantage. Un présentateur de la chaîne Kanal D, qui appartient au groupe Dogan, a été licencié la semaine dernière après avoir publiquement annoncé son opposition à la révision constitutionnelle.

La réforme constitutionnelle permettrait notamment au chef de l’Etat de nommer et révoquer les ministres, promulguer des décrets et déclarer l’état d’urgence. Le texte suscite l’inquiétude d’opposants et d’ONG qui accusent M. Erdogan de dérive autoritaire.

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