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L’Eglise catholique est désormais prête à indemniser les victimes

L'Eglise peut enfin se pencher sur les réparations dues aux victimes d'abus sexuels (photo symbolique). KEYSTONE/CHRISTOF SCHUERPF sda-ats

(Keystone-ATS) Le scandale du prêtre pédophile multirécidiviste évoqué ces jours pose à nouveau la question de la réparation aux victimes. Or l’Eglise catholique est enfin prête. Outre la création d’un fonds, la commission chargée d’étudier les montants dus aux abusés est en place.

La commission d’indemnisation établie par l’Eglise catholique suisse s’est constituée fin janvier. Composée de six membres, elle a pour tâche d’étudier les demandes en réparation des victimes, a indiqué mardi à l’ats Joseph Bonnemain, lui-même membre d’une commission spécialisée de la Conférence des évêques suisses (CES).

Concrètement, une victime qui veut déposer une demande de reconnaissance et de réparation doit s’adresser à son diocèse ou, en Suisse romande, à la Commission d’écoute, de conciliation, d’arbitrage et de réparation (CECAR). Ces instances étudient dans un premier temps la requête et la transmettent ensuite à la commission d’indemnisation.

Jusqu’à 20’000 francs

Depuis le début de l’année, cette nouvelle commission a déjà reçu deux lettres et s’attend à en recevoir plusieurs autres des diocèses et de la CECAR dans les semaines à venir, indique une collaboratrice, Tünde Kvacskay.

Le montant des réparations variera en fonction de la gravité des cas. Cela pourra aller jusqu’à 10’000 francs, voire 20’000 pour les abus très graves. Le Fonds doté de 500’000 francs n’est destiné qu’aux cas prescrits par l’Eglise, soit 20 ans après la majorité.

En décembre dernier, la CES avait indiqué que 223 victimes avaient été recensées entre 2010 et 2015, dont 49 étaient des enfants de moins de 12 ans au moment des faits. Pour la même période, les chiffres montrent un total de 204 auteurs, prêtres, religieux ou théologiens. Les chiffres de 2016 ne sont pas encore connus selon M. Bonnemain.

Interrogé sur le nombre de procédures en cours que ce soit au niveau de la justice civile ou canonique, il a précisé que ce sont les diocèses qui ont leur propre juridiction. Mais le nombre est vraisemblablement faible, selon M. Bonnemain, compte tenu de l’ancienneté des sévices commis et du fait que nombre de victimes sont réticentes à témoigner. “Chaque fois que l’Eglise a connaissance de tels faits, elle encourage les victimes à déposer plainte”, ajoute le responsable.

Une croix pour l’Eglise

Dans le cas du prêtre pédophile, aujourd’hui âgé de 76 ans, Charles Morerod, président de la Conférence des évêques suisses, a promis une enquête. “Pour moi, ces affaires vont peser comme une croix et nous hanter”, dit-il dans une interview au Blick et au Matin mardi.

Son diocèse compte quelque 400 prêtres. “Depuis mon entrée en fonction, en 2011, environ 30 victimes m’ont contacté et trois cas de prêtres suspects ont été dénoncés à la justice”, poursuit-il. Ces cas ne sont pas tout à fait clairs ni pour les autorités ni pour les experts, car la limite entre actes pédophiles et attitudes ambigues n’est pas simple.

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