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L’Europe teste sa capacité à faire atterrir un engin sur Mars

Ce montage photographique de l'ESA montre la séparation entre l'atterrisseur Schiaparelli et la sonde TGO. KEYSTONE/AP ESA sda-ats

(Keystone-ATS) Après un voyage de sept mois pour rejoindre Mars, l’atterrisseur européen Schiaparelli s’est séparé dimanche après-midi de la sonde TGO. Si tout va bien, l’engin devrait se poser en douceur sur la planète rouge mercredi.

Pendant ce temps, la sonde européano-russe TGO (Trace Gas Orbiter) restera en orbite. Elle devra “renifler” l’atmosphère martienne pour détecter notamment du méthane, dans l’espoir de trouver des indices d’une forme de vie actuelle.

Reste que dimanche en fin de journée la sonde ne communiquait pas sa position, s’est brièvement inquiété l’Agence spatiale européenne (ESA). Mais la télémétrie qui donne la position de la sonde a ensuite été rétablie en soirée, a confirmé Michel Denis, directeur des opérations de vol de la mission ExoMars 2016, depuis le centre de contrôle de l’ESA à Darmstadt, dans le centre de l’Allemagne.

Cette sonde est munie qu’une caméra haute définition fournie par la Suisse. Selon Nicolas Thomas, scientifique de l’Université de Berne en charge de cet instrument, la caméra peut distinguer avec précision et en couleur des objets de la taille d’une voiture situés à 100 kilomètres de distance.

Jusqu’à présent, seuls les Américains ont réussi à poser sur Mars des engins qui sont parvenus à fonctionner. Il y a treize ans, la sonde européenne Mars Express avait largué le mini-atterrisseur Beagle 2 qui n’a jamais donné signe de vie.

Une première étape

Le grand saut de Schiaparelli est la première étape d’ExoMars, une ambitieuse mission scientifique européano-russe. En 2020, l’Europe et la Russie ont prévu d’envoyer sur Mars un gros véhicule qui bénéficiera des développements technologiques de Schiaparelli. Il effectuera des forages pour tenter de retrouver des traces d’une vie bactérienne passée.

L’atterrissage sur Mars n’est pas chose aisée. La descente de Schiaparelli pourrait être compliquée par la météo si une tempête martienne survenait.

“Nous savions que nous allions arriver pendant la saison des tempêtes de poussières. Cela nous a amenés à faire un design plus robuste pour Schiaparelli”, relève Thierry Blancquaert, responsable de l’atterrisseur à l’ESA.

TGO et Schiaparelli, nommé en honneur de l’astronome italien du 19e siècle, ont parcouru près de 500 millions de kilomètres depuis leur lancement en mars par une fusée russe Proton depuis Baïkonour (Kazakhstan). Depuis juillet, le duo se trouve sur une trajectoire de rencontre avec Mars.

“Piscine gonflable”

Dimanche vers 16h40, heure en Suisse, la sonde a largué l’atterrisseur. Il a entamé une longue descente, surveillée depuis le centre de contrôle de l’ESA à Darmstadt.

Schiaparelli, qui a une masse de 577 kilos au départ, est une capsule de 2,40 mètres de diamètre qui ressemble un peu à “une piscine gonflable pour bébé”, selon Michel Denis.

Longue descente sur Mars

La descente doit durer trois jours. Mercredi, vers 16h40 (heure en Suisse), Schiaparelli sera à 120 kilomètres de la surface et il entrera dans l’atmosphère martienne, à une vitesse de 21’000 km/heure.

Un bouclier thermique le protégera de l’important échauffement né du contact avec l’atmosphère et le ralentira. A 11 kilomètres de la surface, la vitesse du module sera descendue à 1650 km/heure. Un parachute s’ouvrira alors pour le ralentir davantage.

Enfin neuf rétrofusées seront allumées à environ 1 kilomètre de distance de la surface pour diminuer encore l’allure. Puis les moteurs seront coupés à 1 ou 2 mètres du sol. L’impact final, à 10 km/heure, sera amorti par la structure écrasable du module.

Plaine équatoriale

Schiaparelli doit se poser sur la plaine équatoriale de Meridiani Planum, sur laquelle a déjà atterri en 2004 le véhicule américain Opportunity. Le module est équipé d’une petite station météo qui mesurera la pression, la température, la vitesse du vent mais aussi les champs électriques à la surface de Mars.

Mais la vie de Schiaparelli sera brève. Deux à huit jours environ car il est seulement équipé d’une batterie non rechargeable.

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