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L’ex-Premier ministre kosovar Ramush Haradinaj arrêté en France

Ramush Haradinaj a été interpellé par la police des frontières à sa descente d'un avion en provenance de Pristina, la capitale du Kosovo, et présenté au parquet de Mulhouse (Haut-Rhin) (archives). KEYSTONE/AP/VISAR KRYEZIU sda-ats

(Keystone-ATS) L’ancien Premier ministre kosovar Ramush Haradinaj a été arrêté mercredi à l’aéroport de Bâle-Mulhouse-Fribourg, a-t-on appris de sources policière et judiciaire françaises. Il était recherché par la Serbie pour crimes de guerre lors du conflit de 1998-99.

Il a été interpellé par la police des frontières à sa descente d’un avion en provenance de Pristina, la capitale du Kosovo, et présenté au parquet de Mulhouse (Haut-Rhin).

Une source judiciaire a précisé mercredi soir qu’il était en rétention judiciaire et qu’il serait présenté jeudi au parquet général de la cour d’appel de Colmar pour que la demande d’extradition soit examinée par la chambre de l’instruction.

Ancien chef rebelle pendant la guerre de 1998-1999 au Kosovo, il avait été Premier ministre en 2004 et 2005. Ramush Haradinaj, 48 ans, est aujourd’hui responsable de l’opposition kosovare. Un mandat d’arrêt international a été lancé contre lui en 2004 par la Serbie. Jugé pour crimes de guerre, il a été acquitté deux fois par le tribunal des Nations unies à La Haye.

La chambre de l’instruction devra notamment vérifier si les faits pour lesquels il existe un mandat d’arrêt n’ont pas déjà été jugés par ce tribunal et s’il existe des motifs de ne pas faire droit à la demande, notamment dans le cas où la demande d’extradition est faite pour des motifs politiques, a-t-on précisé.

“Nous prenons toutes les mesures pour qu’Haradinaj soit libéré aussi vite que possible”, a déclaré à Pristina le ministre kosovar de la Justice Dhurata Hoxha.

Ramush Haradinaj voyageait avec un passeport diplomatique.

Manifestations

La guérilla de 1998-99 s’était achevée par la séparation de la Serbie de cette région majoritairement albanophone, après une campagne de bombardements de l’OTAN sur la Serbie. Le Kosovo avait déclaré son indépendance en 2008, désormais reconnue par plus de 110 pays, mais toujours pas par Belgrade.

Compagnon d’armes d’Hashim Thaçi, l’actuel président, Ramush Haradinaj en est devenu un adversaire politique, s’opposant notamment à toute normalisation des relations avec Belgrade.

Premier ministre de décembre 2004 à mars 2005, il avait démissionné après avoir été inculpé par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) pour des crimes contre des civils serbes, mais aussi albanais et roms du Kosovo, notamment des meurtres et des tortures. Plus haut responsable kosovar jamais poursuivi, il avait été acquitté par le TPIY de 37 chefs d’accusation.

Cette décision avait entraîné des manifestations à Belgrade. Le TPIY “a été créé pour juger le peuple serbe”, avait dénoncé le président serbe Tomislav Nikolic. Ramush Haradinaj avait lui été accueilli avec les honneurs militaires et par une foule en liesse à Pristina, à son retour de La Haye.

Torture

Pendant le conflit, son unité, les “Aigles noirs”, contrôlait une région frontalière de l’Albanie, principale voie d’entrée des armes destinées à l’Armée de libération du Kosovo (UCK). Son groupe est accusé par Belgrade d’avoir torturé et assassiné des dizaines de personnes dont les corps ont été découverts près du lac Radonjic dans la région de Decani.

Un tribunal international doit être mis en place en 2017 pour juger les crimes commis par les guérilleros kosovars durant la guerre. Dans les spéculations sur les personnes susceptibles d’être mises en cause, figure le nom d’Hashim Thaçi.

Le président kosovar apparaissait dans un rapport de 2010 du Conseil de l’Europe sur les exactions présumées commises par des membres de l’UCK sur quelque 500 prisonniers serbes, albanais et roms pendant la guerre.

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