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L’ONU critique le durcissement de la Suisse envers les Erythréens

Selon la nouvelle pratique de la Confédération, les Erythréens ne sont plus reconnus comme réfugiés pour le seul motif d'avoir quitté leur pays illégalement. Le rapporteur spécial de l'ONU critique cette décision (photo symbolique). Keystone sda-ats

(Keystone-ATS) Le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits des migrants critique le durcissement de la Suisse envers les Erythréens. Il n’y a aucune raison valable qui justifie ce changement, a-t-il dit dans une interview. Avec sa pratique, la Suisse fait cavalier seul.

Les Erythréens ne sont plus reconnus comme réfugiés par la Suisse pour le seul motif d’avoir quitté leur pays illégalement. Début février, le Tribunal administratif fédéral (TAF) a décidé de modifier sa jurisprudence.

Depuis des années et jusqu’à l’été passé, des Erythréens ont pu bénéficier de l’asile en Suisse en expliquant qu’ils avaient quitté leur pays de manière illégale et qu’ils s’exposaient en cas de renvoi à un risque de persécution. Ils encourent une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. Mais le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) a entretemps modifié cette pratique.

Le rapporteur spécial de l’ONU, François Crépeau, critique cette décision de la Confédération. Il n’y a aucune preuve qu’en rentrant dans leur pays les Erythréens ne risquent plus une mise en danger ou une sanction, a dit M. Crépeau dans un entretien publié vendredi par la Berner Zeitung.

Examiner chaque cas

La Suisse doit maintenant s’assurer, dans chaque cas particulier, qu’un retour n’est pas problématique pour la personne. Cela suppose un mécanisme qui permette de pouvoir examiner s’il ne va effectivement rien se passer après le retour au pays.

Pour François Crépeau, la Suisse, avec sa manière de procéder, est “assez seule”. Récemment, le Royaume-Uni a adouci sa pratique “restrictive”. Son tribunal d’appel en matière d’asile est arrivé à la conclusion que les risques encourus par les Erythréens qui retournent dans leur pays n’ont pas diminué.

Le rapporteur spécial de l’ONU met en garde de ne pas modifier la pratique en cas de doutes dans l’analyse de la situation. Au lieu de cela, le principe suivant doit être appliqué: “s’il y a un doute sur la nécessité ou non de protéger les personnes concernées, alors la protection doit avoir la priorité”.

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