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La Colombie et l’ELN vont négocier pour une “paix complète”

"Je peux vous dire que nous sommes parvenus à un accord avec l'Armée de libération nationale (ELN)", a déclaré le chef de l'Etat colombien et prix Nobel de la Paix Juan Manuel Santos lors d'un conférence de presse à Davos, où il participe au Forum économique mondial. KEYSTONE/GIAN EHRENZELLER sda-ats

(Keystone-ATS) Le gouvernement colombien et l’ELN doivent entamer le 7 février en Equateur des pourparlers officiels pour parvenir à “une paix complète” après le pacte avec les Farc. De quoi clore plus de 50 ans de conflit armé. L’ELN est la dernière guérilla active du pays.

“Nous avons convenu d’installer la table publique de début de la phase formelle des dialogues pour la paix en Colombie le 7 février à Quito”, ont annoncé les deux délégations dans un communiqué lu par Juan Meriguet, représentant du gouvernement d’Equateur, pays hôte et garant du processus.

“Le 2 février, l’ELN libérera Odin Sanchez Montes de Oca (ex-député retenu en otage depuis avril). Ce même jour, deux membres de l’ELN seront graciés”, a-t-il ajouté, en référence aux conditions posées par les parties en préalable aux pourparlers, précédemment suspendus en octobre.

Un peu plus tôt mercredi, le président colombien Juan Manuel Santos avait annoncé qu’un “accord” avait été obtenu avec l’Armée de libération nationale (ELN) pour l’ouverture de ces négociations qui, a-t-il réitéré, permettront “une paix complète”.

“Je peux vous dire que nous sommes parvenus à un accord”, a déclaré le chef de l’Etat et prix Nobel de la Paix lors d’un conférence de presse à Davos, où il participe au Forum économique mondial. Et de préciser que le point sur la condition préalable de la libération des otages de l’ELN “avait été réglé”.

Conversations secrètes

Les deux délégations discutaient depuis vendredi à huis clos dans un lieu tenu secret des environs d’Ibarra, dans le nord de l’Equateur, pays frontalier de la Colombie. “L’accord auquel nous sommes parvenus (…) nous permet d’initier l’agenda en six points qui a pour but de surmonter le conflit armé et de créer les conditions des transformations nécessaires à la dignité de la société et de la nation colombienne”, a estimé le chef de la délégation de l’ELN, le commandant guérillero Pablo Beltran, dans un texte diffusé sur Twitter.

Le gouvernement colombien a signé le 24 novembre un accord de paix avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), à l’issue de quatre ans de négociations avec la plus ancienne et la plus puissante guérilla du pays.

La Colombie est déchirée depuis les années 1960 par une confrontation armée qui, au fil des décennies, a impliqué une trentaine de guérillas, des paramilitaires d’extrême droite et les forces de l’ordre. Le conflit a fait au moins 260’000 morts, plus de 60’000 disparus et quelque 6,9 millions de déplacés.

A Quito, le chef de la délégation de paix du gouvernement, Juan Camilo Restrepo, a salué “le début du chemin vers la recherche de la paix, d’une paix négociée, d’une paix désarmée” pour “trouver la formule” d’une Colombie plus progressiste, plus équitable.

Cette annonce de pourparlers suit des conversations menées en secret depuis janvier 2014 pour tenter de fixer un cadre à un dialogue de paix avec l’ELN, guérilla issue comme les Farc d’une insurrection paysanne en 1964. Elle compte encore environ 1500 combattants.

L’ouverture des pourparlers était d’abord prévue le 27 octobre dernier à Quito. Mais elle avait été suspendue sine die au dernier moment, l’ELN n’ayant pas libéré Odin Sanchez et le gouvernement n’ayant pas gracié des guérilleros emprisonnés.

Les danses du Nouvel An

A Davos, M. Santos a en outre commenté pour la première fois des images montrant des observateurs de l’ONU dansant avec des guérilleros des Farc au réveillon du Nouvel An. La polémique qui s’en était suivi avait entraîné le renvoi de quatre membres de la mission internationale de l’ONU chargée de surveiller l’application de l’accord de paix.

“Certains critiques ont pensé que c’était inacceptable (…) et moi j’ai dit : ‘Mon Dieu! C’est ça la paix, c’est exactement ce que nous voulons (…) parce qu’au lieu de tirer des coups de feu, ils dansent et c’est ça la paix !'”, a-t-il lancé.

Parallèlement à Bogota, le Haut commissaire pour la paix, Sergio Jaramillo, a annoncé que les Farc s’étaient engagées à regrouper tous leurs guérilleros d’ici le 31 janvier dans les 26 zones de désarmement. Selon l’accord de paix, ce regroupement aurait dû être terminé au 31 décembre, mais a été retardé par des problèmes logistiques.

M. Jaramillo a ajouté que les Farc s’étaient engagées à laisser partir les mineurs âgés de moins de 15 ans encore présents dans leurs rangs, soit près de 23 selon des déclarations à W Radio du chef de la guérilla, Rodrigo Londoño, plus connu sous son nom de guerre “Timochenko”.

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