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La droite rejette une sortie “chaotique” du nucléaire

Les représentants de la droite ne veulent pas d'une sortie précipitée du nucléaire. KEYSTONE/MARCEL BIERI sda-ats

(Keystone-ATS) Les partis bourgeois font front contre l’initiative des Verts “Sortir du nucléaire”, soumise au vote le 27 novembre. Ils estiment que le texte mènera à une situation chaotique: approvisionnement incertain, importations accrues et coûts se chiffrant en milliards.

En débranchant de manière précipitée trois des cinq centrales nucléaires à partir de 2017, comme le demande l’initiative des Verts, la production indigène d’électricité diminuerait de 15%. Cela correspond à la consommation de 1,6 million de ménages, déclare mardi le comité de droite soutenu par les cantons.

Il rappelle que l’énergie nucléaire fournissait en 2015 près de 38% du courant suisse. L’an dernier, la consommation d’électricité en Suisse s’est élevée à 58,2 térawatt-heure (TWh), dont 22 provenant du nucléaire. En 2015, les énergies renouvelables ont fourni 2,8 TWh. D’ici 2030, elles pourront produire 11,7 TWh dans le meilleur des cas, selon le comité.

Alors qu’une installation solaire affiche un taux d’activité de 11% (pour 950 heures d’activité pleine par année), les cinq centrales nucléaires suisses, sauf Beznau I, ont été actives entre 65 et 92% l’an dernier, fait valoir Benoît Genecand (PLR/GE).

Solution “hypocrite”

Se passer de l’atome menacerait la sécurité de l’approvisionnement. Cela entraînerait une hausse massive des importations et une dépendance accrue envers l’étranger, estime le comité qui parle d’une solution “hypocrite” des Verts.

La Suisse devrait s’approvisionner auprès des centrales à charbon allemandes ou des centrales nucléaires françaises, mettant à mal le bilan écologique du pays. Autre possibilité: tirer son électricité du gaz, qui provient principalement de Russie. En se tournant vers cette source énergétique, il serait plus difficile d’atteindre les objectifs en matière d’émissions CO2, arguent les opposants.

Selon Benoît Genecand, l’initiative des Verts présente un gros défaut: elle veut sortir le plus vite possible du nucléaire sans dire comment elle compte remplacer cette énergie.

Par ailleurs, en limitant la durée de vie des centrales pour des motifs purement politiques, les exploitants pourraient réclamer des dommages-intérêts de plusieurs milliards, coûts qui devraient être pris en charge par les contribuables, souligne Albert Rösti (UDC/BE). Sans compter les coûts massifs pour construire et développer de manière prématurée de nouvelles centrales électriques ainsi que démanteler les installations et gérer les déchets radioactifs.

Nucléaire pas rentable

L’initiative des Verts “Pour la sortie programmée de l’énergie nucléaire” veut débrancher les centrales nucléaires après 45 ans et remplacer le courant qu’elles produisent par des énergies renouvelables. En plus d’être vétustes et dangereuses pour la population, les centrales nucléaires suisses ne sont plus rentables, soulignent les initiants.

Si le peuple dit “oui”, Beznau I, mise en service en 1969, devrait être arrêtée l’année prochaine, tout comme les centrales de Beznau 2 et de Mühleberg, construites en 1972. Gösgen devrait être arrêtée en 2024 et Leibstadt en 2029, soit dans treize ans. L’exploitant de Mühleberg, BKW, a déjà décidé de fermer le site en 2019 pour raisons économiques.

Actuellement, les centrales de Leibstadt et de Beznau I sont déactivées, représentant un manque de 40% dans l’électricité nucléaire indigène.

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