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La gauche lance la campagne pour l’initiative AVSplus

La gauche lance la campagne pour son initiative AVSplus qui prévoit d'augmenter les rentes de 10% (archives). KEYSTONE/LUKAS LEHMANN sda-ats

(Keystone-ATS) Il est grand temps de renforcer l’AVS. Les syndicats soutenus par une large alliance d’organisations de salariés ont lancé jeudi la campagne pour l’initiative AVSplus soumise au peuple le 25 septembre. Le texte demande une augmentation des rentes de 10%.

L’AVS est l’acquis le plus important de la Suisse moderne, selon Paul Rechsteiner, président de l’Union syndicale suisse (USS). Aujourd’hui, il est plus nécessaire que jamais de la renforcer. Car cette solution est la seule qui permet de compenser les pertes de rentes dans le 2e pilier.

La crise financière met en effet la prévoyance professionnelle dans une situation difficile. Les caisses de pension baissent les taux de conversion, ce qui réduit les futures rentes. La prévoyance vieillesse ne permet plus aux retraités de maintenir un niveau de vie approprié, comme le stipule la constitution, relève l’Alliance pour une AVS forte.

A l’heure actuelle, un retraité doit consacrer presque 70% de sa rente au loyer et à ses primes maladie. Il y a 40 ans, la part s’élevait à 50%.

Coût de plus de 4 milliards

Pour garantir le niveau des rentes et offrir des conditions de retraite dignes, l’initiative AVSplus veut relever les rentes de 10%. Le coût total s’élèverait à 4,1 milliards de francs.

Comme solution de financement, l’Alliance propose une hausse de 0,4% de cotisation de la part des salariés et autant des employeurs. Un retraité vivant seul recevrait ainsi 2400 francs de plus par année et un couple 4200 francs. Donner plus d’argent est nécessaire et tout à fait supportable financièrement, selon le président de l’USS.

Contrairement à ce que disent les scénarios catastrophes propagés par la droite, le taux de cotisation salariale destiné à l’AVS est resté à 8,4% (4,2% pour l’employé et 4,2% pour l’employeur) depuis plus de 40 ans. Et ce alors que le nombre de retraités a plus que doublé pendant la même période, a rappelé Paul Rechsteiner. Une seule fois, la TVA est venue à la rescousse de l’AVS à la fin des années 1990.

Calculateur de rentes

Pour démontrer la faisabilité de son projet, l’Alliance a mis en ligne un calculateur de rentes (www.calculateur-avsplus.ch). Cet instrument permet de comparer son AVS future avec la solution d’AVSplus et donne des indications sur les coûts. Pour un salaire de 5000 francs, cela représenterait un peu plus de 20 francs par mois.

Les femmes auraient tout à gagner d’un renforcement du 1er pilier. Car dans le système de prévoyance professionnelle, fondé sur la capitalisation, elles sont doublement pénalisées. C’est le cas des enseignantes qui travaillent souvent à temps partiel et pour des salaires modestes, a illustré Beat Zemp, président de la faîtière des enseignants LCH.

Les jeunes sont tout autant concernés, selon Emilie Graff, co-secrétaire générale d’AvenirSocial, l’association des travailleurs sociaux. Les jeunes n’ayant presque pas cotisé au 2e pilier à 30 ans ont tout intérêt à miser sur l’AVS pour compenser les lacunes de leur prévoyance professionnelle. “L’AVS n’est pas seulement une assurance solidaire entre hauts et bas revenus mais aussi entre générations”.

Pour Aldo Ferrari, vice-président d’Unia, les perspectives du 2e pilier sont sombres. Depuis 2010, les caisses de pension n’ont cessé de baisser les taux de conversion. Aux CFF par exemple, il a passé de 6,52% en 2010 à 5,22%, soit une baisse de 20%. Pendant ce temps, le personnel a payé des cotisations d’assainissement.

“A quoi bon payer plus pour avoir moins”, a-t-il lancé. Le 2e pilier a connu ses trente glorieuses lorsque les intérêts étaient élevés. Aujourd’hui, c’est au tour de l’AVS de jouer les premiers rôles.

Réforme Berset

Le Parlement et le Conseil fédéral rejettent l’initiative. Le projet entre en concurrence directe avec le projet de prévoyance vieillesse 2020 d’Alain Berset. Cette réforme prévoit le relèvement de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans, un financement complémentaire de l’AVS par une augmentation maximale de la TVA de 1,5 point et un abaissement du taux de conversion.

Ce projet est actuellement discuté au Parlement, mais “personne ne sait ce qu’il en adviendra à l’issue des débats”, avertit Michel Pillonel, co-président du Conseil suisse des Aînés. Pour Paul Rechsteiner, on risque d’assister à “un vrai massacre des rentes” avec la nouvelle majorité de droite au Conseil national.

L’Alliance pour une AVS forte réunit tous les syndicats et les grandes organisations de salariés du secteur public, les organisations de retraités FARES et AVIVO ainsi que le parti socialiste, les Verts, la Jeunesse socialiste et les Jeunes Verts.

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