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La liste des ennemis publics potentiels pour l’Europe est établie

Originaire de Chine, le poisson à tête de serpent peut atteindre un mètre de longueur. Il prolifère dans les étangs peu profonds où il se nourrit de poissons indigènes. UNIFR sda-ats

(Keystone-ATS) L’Europe compte déjà plus de 14’000 espèces exotiques, un nombre qui ne cesse d’augmenter. Une équipe de chercheurs avec participation fribourgeoise a recensé 66 plantes et animaux qui, s’ils venaient à s’implanter, présentent la plus grande menace pour le continent.

Pour ne citer que deux exemples suisses de ces dernières années, certains vignobles ont subi les attaques de la mouche suzukii, d’origine asiatique. Supplantées par leur cousine américaine, plus résistante aux maladies et aux pollutions, les écrevisses indigènes, quant à elles, figurent désormais sur la liste rouge des espèces menacées.

Mais il ne s’agit peut-être que d’un avant-goût de ce qui nous attend. Consciente de la menace, la Commission européenne a financé une recherche menée par une équipe internationale de quarante-trois scientifiques, dont Sven Bacher, de l’Université de Fribourg (UNIFR), a indiqué jeudi cette dernière dans un communiqué.

Les chercheurs ont identifié les espèces les plus susceptibles d’arriver en Europe, de s’y implanter, de se répandre et de causer un impact sur la biodiversité et les écosystèmes. Parmi ces 66 espèces, huit ont été catégorisées comme étant à haut risque, quarante à risque et 18 à risque moyen.

Approche unique

Cette approche est unique de par son échelle continentale, la variété des groupes taxonomiques et des environnements examinés, ainsi que les méthodes utilisées. Les espèces prises en compte incluent des plantes, des vertébrés, des invertébrés terrestres et d’eau douce et des espèces marines.

La plupart sont originaires d’Asie, d’Amérique du Nord et d’Amérique du Sud. Les espèces aquatiques ont le plus de probabilités d’être transportées clandestinement sur des navires, les invertébrés terrestres avec des plantes importées.

Les huit espèces qui présentent les plus grands risques sont le poisson à tête de serpent (Channa argus), la moule dorée (Limnoperna fortunei), l’écrevisse à taches rouges (Orconectes rusticus), le poisson-chat rayé (Plotosus lineatus), l’algue verte (Codium parvulum), le gastéropode Crepidula onyx, la moule Mytilopsis adamsi, ainsi que l’écureuil fauve (Sciurus niger).

La région alpine pas menacée

Les régions méditerranéenne, continentales, macaronésienne (îles Canaries, Açores, Madère) et atlantiques sont les plus menacées. La Mer Baltique, la Mer Noire et les régions boréales semblent moins à risque. Aucune espèce ne paraît menacer la région alpine, note l’UNIFR.

“Pour juguler ces invasions, il faut empêcher l’arrivée d’espèces exotiques invasives sur notre territoire. Il est donc nécessaire d’être capables d’identifier celles qui sont susceptibles de s’y implanter durablement”, conclut Sven Bacher, cité dans le communiqué.

Selon le chercheur fribourgeois, il est indispensable de prêter attention aux facteurs écologiques et socio-économiques, ainsi qu’au climat et aux routes commerciales. Ces travaux sont publiés dans la revue Global Change Biology.

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