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La ministre sud-coréenne de la culture s’excuse pour une liste noire d’artistes

Parmi les personnalités listées figure le réalisateur Park Chan-wook, recevant ici le prix du jury du festival de Cannes en 2009 au côté de l'actrice américaine Ashley Judd (archives). KEYSTONE/AP/LAURENT REBOURS sda-ats

(Keystone-ATS) La ministre sud-coréenne de la culture a présenté les excuses de son gouvernement pour avoir établi une liste noire de milliers d’artistes mis au ban en raison de leurs convictions politiques. Les projets de ces créateurs étaient privés de subventions publiques.

Cette liste de plus de 9000 noms de la scène cinématographique, théâtrale, musicale et littéraire a été rendue publique l’an dernier par plusieurs médias. Nombre de ces artistes avaient exprimé leur soutien aux partis de l’opposition, avaient critiqué ou s’étaient moqués du gouvernement conservateur de la présidente Park Geun-Hye, désormais destituée, ou des anciennes dictatures militaires.

La liste fait figure de Who’s Who du monde artistique de Séoul. Elle comprend l’écrivaine Han Kang, lauréate cette année du Man Booker Prize et le cinéaste Park Chan-wook, réalisateur d'”Old Boy”, récompensé par le Grand prix de Cannes en 2004.

Souvenir de la dictature

“Je m’excuse pour la douleur et les souffrances infligées aux artistes privés du soutien de l’Etat en raison de leurs convictions politiques ou idéologiques”, a déclaré devant une commission parlementaire la ministre de la Culture, Cho Yoon-Sun.

Mme Cho a été nommée à son poste en septembre. Elle est accusée d’avoir joué un rôle clé dans l’élaboration de cette liste en tant que conseillère de Mme Park en 2014 et 2015, ce qu’elle dément.

Les révélations sur son existence ont scandalisé les artistes sud-coréens et les parlementaires de l’opposition, qui ont évoqué le souvenir des années de dictature militaire, lorsque le monde de l’information, des arts et du spectacle était lourdement censuré.

Un “maccarthysme du XXIe siècle”

“Cette liste ramène notre histoire aux années 1970, relève d’une façon anachronique et anticonstitutionnelle de penser”, a dit récemment le Parti démocratique, principale formation de l’opposition, évoquant un “maccarthysme du XXIe siècle”.

Mme Park, fille du dictateur défunt Park Chung-Hee qui avait régné d’une main de fer entre 1961 et 1979, a été destituée le 9 décembre par l’Assemblée nationale dans le cadre d’un retentissant scandale de corruption. Elle est accusée de collusion avec son ancienne confidente de l’ombre Choi Soon-Sil, actuellement jugée pour fraude.

La présidente est soupçonnée notamment d’avoir profité de ses relations pour extorquer des sommes astronomiques aux conglomérats sud-coréens. Sa destitution doit encore être validée par la Cour constitutionnelle.

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