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La Suisse vend toujours moins d’armes à l’étranger

En 2016, la Suisse a exporté pour 411,9 millions de francs d'armes, contre 446 millions en 2015 (image symbolique). KEYSTONE/EPA/FACUNDO ARRIZABALAGA sda-ats

(Keystone-ATS) La Suisse a vendu moins d’armes en 2016, mais elle reste un des principaux pays exportateurs. Elle a vendu pour 411,9 millions de francs de matériel de guerre, contre 446 millions en 2015, selon les chiffres publiés mardi par le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO).

“La Suisse se situe loin devant, particulièrement concernant les exportations en direction des pays en voie de développement”, a concédé Simon Plüss, responsable de ce secteur au SECO, devant les médias. Selon le Sipri, l’institut international de recherche sur le contrôle des armes, Berne figure au 14e rang des pays exportateurs d’armes.

Le poids de la loi

Le recul constaté en 2016 est en partie dû à un “environnement difficile” sur le marché européen. L’introduction de l’ordonnance sur le matériel de guerre est aussi une des causes de la baisse continue des exportations d’armes suisses, a relevé Simon Plüss. L’ordonnance interdit d’exporter si le pays de destination est impliqué dans un conflit armé interne ou international.

Le marché européen reste le plus important, même s’il recule année après année. En 2016, il représentait un peu plus de la moitié des exportations d’armes suisses, soit une baisse de près de 11%. Le recul est plus net encore (-30,3%) pour le continent asiatique, qui conserve cependant sa deuxième place, avec près d’un quart des exportations.

“Nombre de ces pays ne remplissent pas les conditions pour que la Suisse puisse y exporter du matériel de guerre”, a précisé le responsable du SECO. De fait, contre près de 2400 demandes d’exportations autorisées, 29 ont été refusées. Et sur les 64 demandes de préavis, 37 ont été rejetées, soit bien davantage que l’année précédente.

Une grande partie d’entre elles concernaient des pays du Proche et du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Amérique du Sud, au motif qu’ils sont impliqués dans une guerre, violent systématiquement les droits humains ou risquent d’exporter dans un autre pays les armes helvétiques. L’action de la Suisse dans le cadre de la coopération au développement a également été prise en compte.

De nouveaux marchés

L’Afrique devient le nouvel eldorado de l’industrie d’armement suisse. Les exportations ont augmenté de 207,2%, représentant 12,5% du total. Dans leur écrasante majorité, elles sont destinées à l’Afrique du Sud, pour un montant de 51,3 millions.

Par pays, l’Allemagne reste le premier acheteur de matériel suisse, pour 93,1 millions de francs. Elle est suivie l’Inde (34,5 millions), les Etats-unis (32 millions), le Pakistan (25,5 millions), le Danemark (20,9 millions) et la Suède (17,8 millions), talonnée par la France et la Grande-Bretagne (17 millions environ).

Les exportations à destination de l’Arabie Saoudite se montent à 12,1 millions. En avril 2016, le Conseil fédéral a rejeté les exportations présentant des risques importants que le matériel soit utilisé dans le conflit au Yémen, comme celles de grenades.

Le Conseil fédéral a en revanche donné son feu vert à l’exportation de matériel de guerre destiné à la défense antiaérienne, estimant qu’il n’y a pas de raison de supposer qu’il soit utilisé dans les hostilités au Yémen. Des ventes d’armes de petit calibre destinées à des particuliers ont aussi été autorisées.

Blindés en chute libre

En 2016, la Suisse a augmenté ses exportations de munitions (+22,2%), représentant le tiers des exportations. Le matériel de conduite de tir reste un important marché (28%), bien qu’en recul de 15%. Il est suivi de la vente d’armes en tous genres (22% en tout).

Les véhicules blindés ne semblent par contre plus faire recette: pour la deuxième année consécutive, ils subissent un important recul: -63,6% par rapport à 2015, pour ne représenter qu’à peine 6% des exportations.

La Suisse a exporté des biens militaires spécifiques, comme des avions d’entrainement ou des drones d’explorations, pour une valeur totale de 693 millions de francs (contre 1,1 milliard en 2015). Deux demandes ont été refusées, l’une concernant la Russie et l’autre l’Ukraine, a précisé le SECO.

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