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Le CHUV fait une avancée dans la compréhension de Zika

Le virus Zika se transmet par la piqûre du moustique Aedes aegypti ainsi que par voie sexuelle (Archives). KEYSTONE/AP/FELIPE DANA sda-ats

(Keystone-ATS) Importante avancée dans la compréhension du virus Zika: grâce à une collaboration CHUV-Martinique, des chercheurs lausannois ont constaté que le virus Zika tend à disparaître du liquide amniotique, ce qui pose problème pour sa détection.

L’équipe du professeur David Baud, chef du service d’obstétrique au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), et de la doctoresse Manon Vouga a publié samedi dans la revue Lancet ID les résultats d’une étude menée en collaboration avec la Martinique. Elle porte sur les conséquences de l’infection à Zika chez les femmes enceintes, a annoncé le CHUV.

Depuis le début de l’épidémie en 2016, toutes les patientes enceintes de cette île se sont vu proposer un suivi étroit, dans le cadre d’une étude prospective. Elles ont pu effectuer un ultrason par mois, ainsi que des contrôles réguliers de la présence du virus dans le sang et les urines, a expliqué David Baud à l’ats.

2% touchées

Parmi les près de 500 patientes testées positives pour Zika en cours de grossesse, huit ont présenté des anomalies sévères touchant spécifiquement le cerveau des fœtus. Elles n’ont été mises en évidence qu’à partir de la moitié de la grossesse bien que la majorité des infections maternelles aient lieu en début de gestation.

Ce taux de 2% de malformations est égal à celui provoqué par d’autres infections congénitales, comme le cytomégalovirus ou la toxoplasmose. Dans le cas de ces derniers pathogènes, le diagnostic de l’infection fœtale repose sur la détection du virus dans le liquide amniotique, effectuée grâce à une amniocentèse.

Virus caché

Or, de manière étonnante, le virus Zika semble disparaître du liquide amniotique et du sang fœtal après quelques semaines. “Suivant le moment où l’amniocentèse est effectuée, on ne voit pas le virus, car il se cache dans le cerveau du bébé”, souligne le professeur. Seules les malformations cérébrales signent le passage dévastateur du virus.

Cette découverte pourrait avoir un impact important sur la prise en charge des patientes enceintes exposées. “La question se pose de savoir si l’amniocentèse est vraiment utile pour le détecter”, relève M. Baud. Son laboratoire travaille à trouver d’autres marqueurs qui signaleraient l’infection, ainsi que sur les moyens de la bloquer.

Enfin, le professeur rappelle que les couples souhaitant avoir un enfant devraient éviter un voyage dans les Caraïbes ou d’autres zones tropicales. Car, selon les recommandations actuelles, il est conseillé à toute femme prévoyant une grossesse de ne pas tomber enceinte dans les six mois après un voyage dans des pays touchés par le virus.

Moustique ou voie sexuelle

Le Zika se transmet par la piqûre du moustique Aedes aegypti mais aussi par voie sexuelle. Si une femme est infectée par le virus, elle court un plus grand risque de donner naissance à un enfant avec une malformation du cerveau, connue sous le nom de microcéphalie.

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