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Le Congolais Jean-Pierre Bemba coupable de subornation de témoins

Jean-Pierre Bemba et ses deux avocats avaient "mis sur pied un plan commun pour duper" la CPI, a dénoncé le juge (archives). KEYSTONE/AP ANP/JERRY LAMPEN sda-ats

(Keystone-ATS) La Cour pénale internationale a déclaré mercredi l’ex-vice-président congolais Jean-Pierre Bemba et ses quatre co-accusés coupables de subornation de témoins lors de son procès pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. La peine sera prononcée ultérieurement.

“Jean-Pierre Bemba Gombo, la chambre vous juge coupable” d’avoir influencé “de manière corrompue” quatorze témoins, présenté de fausses preuves et sollicité la déclaration de faux témoignages, a déclaré le juge Bertram Schmitt. Le magistrat a dénoncé les “sérieuses offenses contre l’administration de la justice”.

Il s’agissait du premier procès pour subornation de témoins de l’histoire de la CPI. La procédure avait été lancée après que le bureau de la procureure a reçu une information de la part d’une source anonyme.

M. Bemba, ses avocats Aimé Kilolo et Jean-Jacques Mangenda, Fidèle Babala, un député du Mouvement de Libération du Congo (MLC), et un témoin de la défense, Narcisse Arido, avaient versé de l’argent et donné des cadeaux à des témoins ou leur avaient promis une réinstallation et une sécurité en échange d’un faux témoignage devant la CPI.

“Mobutu miniature”

“Aucun système légal au monde ne peut accepter que des témoins soient soudoyés, incités à mentir ou briefés. Le jugement d’aujourd’hui envoie un message clair: la Cour refuse que ses procédures soient freinées ou détruites”, a martelé M. Schmitt à la lecture du verdict.

L’ancien riche homme d’affaires de 53 ans a été condamné en juin à 18 ans de prison pour la vague de meurtres et de viols commis par sa milice, le MLC, en Centrafrique entre octobre 2002 et mars 2003. Celui qui est surnommé le “Mobutu miniature” a interjeté appel fin septembre, dénonçant les “vices de forme” de son procès et évoquant notamment l’arrestation de son avocat durant le procès.

Selon le juge, l’ancien chef de guerre et ses deux avocats “ont mis sur pied un plan commun pour duper la chambre”. Ils utilisaient un langage codé, “faire la couleur” signifiant soudoyer ou briefer des témoins.

Juges trompés

Aimé Kilolo était chargé de leur donner les instructions: “Voici ce que tu diras”, “Dis que tu ne sais rien à ce sujet”, “Personne de la défense ne t’a appelé”. L’avocat a également effectué ou facilité le transfert d’argent, de téléphones et d’ordinateurs portables auprès des témoins.

Les juges de la chambre chargée du procès pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité “ont pu ne pas avoir suivi les dépositions de ces témoins mais bien la conception de déposition de M. Kilolo”, a constaté M. Schmitt.

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